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donc nul inconvénient à ce qu’il soit dès maintenant au courant.

Tous trois avaient pénétré dans l’autre pièce, moins bien éclairée, mais davantage garnie de meubles et particulièrement de sièges.

Sur un signe du docteur, l’inconnu se laissa tomber dans un fauteuil. Il avait retiré son sombrero, mais gardé sa cape ; et comme son abondante chevelure ombrageait ses traits aussi jalousement que le chapeau, il était parfaitement impossible de rien distinguer de son individu.

Le docteur Silence dut remarquer ce détail, car ses yeux perçants s’attachèrent avec insistance sur le mystérieux visiteur.

— Monsieur, dit le professeur Fringue, qui ne semblait point avoir pour le mutisme le goût de son compagnon, nous sommes tout oreilles. J’espère que vous n’aurez pas distrait pour rien, d’un labeur délicat, deux personnes honorables.

— J’apprécie mieux que quiconque l’importance de ce labeur, riposta du tac au tac l’impertubable importun. Maître, j’ai conscience d’avoir devant moi le premier chirurgien de notre époque, l’illustre professeur Scapel, ainsi que vous dénomment les railleurs.

— Coupons, je vous prie, risqua le professeur, avec un geste d’impatience.

— Deux mots d’exorde me sont nécessaires. Je n’ai pas moins de hâte que vous-même d’en arriver à l’objet de ma visite. Mais, je dois tout d’abord prouver ma parfaite connaissance de vos travaux et du but que vous poursuivez. Le public, qui admire en vous l’inventeur de la greffe humaine, ignore que vous lui avez à peine livré les premiers bégaiements d’une science dont vous possédez le secret intégral.

Les regards des deux savants convergèrent, avec une égale acuité, vers leur mystérieux interlocuteur. Celui-ci poursuivit sans se troubler.