Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avec une anxiété visible, le gorille avait paru étudier sur le visage du saltimbanque l’effet que produisait sa déclaration.

Comme si quelque secret espoir se fût brusquement évanoui en lui, brisant en même temps le ressort de l’énergie, il chancela, recula jusqu’à la chaise et s’y effondra, ensevelissant son horrible face dans ses mains redoutables. Ses épaules tressautèrent, secouées par des sanglots convulsifs. L’étrange singe pleurait à la face des hommes.

— Ça y est ! il devient loufoque ! murmura Godolphin, sincèrement désolé. Quel dommage ! Une bête si intelligente !

Il s’approcha de nouveau et se mit à caresser la rude crête placée au sommet du crâne, comme il eût flatté un chien.

Et doucement, avec des paroles naïves, il s’efforçait de consoler le gorille.

— Pauvre vieux ! À quoi ça sert de te frapper ? T’es pas un homme, mais tu n’y perds pas grand’chose. Ça n’est pas drôle tous les jours, va ! Et puis, il y en a de plus bêtes que toi ; tu les mettrais dans tes poches,