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— Il est évident qu’il ne reconnait personne, gémit le banquier. Que faire ?

— Il faut absolument le maîtriser, dit Bersetti.

Bravement, il s’avança et les domestiques s’empressèrent de s’écarter pour lui laisser la place.

D’abord, se baissant avec la rapidité de l’éclair, il saisit la chaise qui le séparait du malheureux fou et la lança à l’autre bout de la pièce.

Roland poussa un grondement terrible et marcha sur le Corse en levant son arme.

— Mon Dieu ! gémirent Violette et Mme Sarmange, en tombant à genoux.

Mais Pasquale Borsetti avait esquivé le coup. Foudroyant son bras, ramené contre son flanc, se détendit et atteignit Roland au côté gauche de la poitrine, à la hauteur du cœur.

Le jeune homme roula sur le sol.

Aussitôt, le Corse bondit et, agenouillé sur lui, le maintint terrassé.

— Des cordes, vite ! cria-t-il, avec une involontaire expression de triomphe.

Indignée, Violette s’était relevée.

— Oh ! monsieur ! frapper un malade !… protesta-t-elle avec véhémence.

— Veuillez m’excuser, mademoiselle, riposta Borsetti d’un air de respectueuse soumission. Mais il n’y avait guère d’autre moyen de mettre fin à cette scène pénible. Songez que le malheureux pouvait blesser quelqu’un, ou se blesser lui-même.

— Indiscutablement ! approuva le banquier. Vous avez parfaitement agi, Borsetti, et nous vous devons infiniment de gratitude pour votre sang-froid et votre courage.

En courant, les domestiques revenaient, apportant des bandes de toile et des cordes.

Avant qu’il eût repris connaissance, Roland se trouva solidement garrotté et mis hors d’état de nuire.