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violemment et, bondissant hors de la voiture, escaladait, avec une agilité surprenante, les marches du perron et disparaissait dans l’intérieur de l’hôtel.

Violette jeta un cri d’effroi et se précipita derrière lui, suivie du valet de pied.

Tout en se hâtant pour les rejoindre, Mme Sarmange murmurait :

— Ce pauvre Roland ! Qui aurait pu penser ?…

Le banquier, dans son cabinet, causait avec Pasquale Borsetti quand un grand tumulte éclata soudain dans tout l’hôtel.

Au même instant, la porte s’ouvrit brusquement et Violette, défaillante, les yeux inondés de larmes, Mme Sarmange, pâle et bouleversée, se précipitèrent vers le banquier.

— Roland !… Roland est devenu fou ! clama Violette à travers ses sanglots.

— Une crise subite… gémit sa mère.

La fureur envahit les traits du banquier.

— Roland ?… Fou ?… bégaya-t-il.

Au-dessus de leurs têtes, le tumulte redoublait.

— Il est là-haut, sanglota Violette… Oh ! c’est affreux !…

Elle cacha son visage dans ses mains.

— Voyons !… Ce n’est pas possible !… fit M. Sarmange.

— Il faut aller voir, conseilla Borsetti qui, seul, avait conservé son sang-froid.

Il entraîna le banquier. Les deux femmes suivirent, affolées et désemparées.

Au premier étage, un spectacle effrayant les attendait. Réfugié dans un coin du salon, Roland, tenait en respect trois domestiques qui s’efforçaient de s’emparer de lui.

— Roland ! cria Violette, éplorée, en tendant les mains vers son fiancé. Calmez-vous, par pitié !

Insensible à cet appel, le dément continua de menacer les domestiques, en poussant des grognements sauvages.