Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gna du poing contre la porte, sans discontinuer, jusqu’à ce qu’un judas s’ouvrît.

Un visage juvénile et pâle, autour duquel frisottait une barbe rousse et rare, parut derrière le grillage et deux yeux gris, froids et interrogateurs, fixèrent l’inconnu.

— Le professeur Fringue ? demanda celui-ci, en prenant soin de demeurer à bonne distance du grillage.

L’homme qui se tenait derrière la porte leva sa main gauche à la hauteur du judas et, de son pouce dirigé en arrière, désigna l’intérieur du pavillon.

— Il est là ? Bien ! fit le visiteur, interprétant le geste. Je voudrais lui parler.

Dans le masque impassible, l’interrogation des yeux s’accentua.

— Pour affaire personnelle et urgente, continua le visiteur, sans sourciller.

Le muet — il fallait qu’il le fût pour s’obstiner dans ce silence — le muet secoua négativement la tête.

— Qui l’intéresse plus que moi, s’empressa d’ajouter le visiteur.

Le visage du silencieux personnage exprima le plus complet scepticisme ; la main reparut devant le judas et ce fut pour le fermer d’une poussée brusque, qui, manifestement, clôturait un entretien jugé oiseux.

Sans marquer nul dépit, le visiteur écouta le bruit des pas s’éloigner. Puis, de nouveau, le main surgit de la cape ; elle tenait une de ces tiges de fer « carrées » à cause de la forme de leur extrémité et qui servent à ouvrir les portes privées de leur poignée.

C’était le cas de celle devant laquelle il se trouvait ; elle ne portait point trace de serrure, mais seulement un petit trou quadrangulaire, dans lequel le visiteur enfonça le carré. Il tourna la tige et la porte s’ouvrit.

Un étroit couloir coupait le pavillon en deux parties égales. Une double nappe de clarté, qui s’échappait de deux portes se faisant face, l’éclairait violemment en son milieu ; les extrémités, dépourvues de tout luminaire, de-