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— Pardonnez-moi, petite fleur… Je frémis à la pensée d’être pour vous une cause de malheur.

— Ingrat ! Le malheur, ce serait de m’appeler Mme Pasquale Borsetti.

— Mais votre père, ma Violette ?

— Eh bien ! il se consolera. Je le lui ai dit. Pour quelques pauvres petits millions qu’il ne gagnera pas ! Belle affaire, en vérité !

— Vous croyez cela, Violette ?

Et Roland secoua la tête d’un air sombre.

— Vous voyez que ce n’est pas le moment de partir, reprit Melle Sarmange.

Le jeune homme parut s’éveiller d’un rêve et retrouver, en même temps, toute son énergie.

— Il le faut ; répondit-il d’un ton ferme.

— Vous partirez malgré ce que je vous ai dit ?

— Je partirai.

— Ce soir ?

— Ce soir !

— Méchant !… Oh ! méchant !…

Invincibles, les larmes jaillirent des jolis yeux de Violette ; elle se jeta dans une bergère et, sans plus de honte, les mains sur son visage, elle laissa éclater son désespoir.

Aussitôt. Roland fut à ses genoux, essayant doucement d’écarter les doigts, déjà humides.

— Petite Violette !… Écoutez-moi !… Je vous jure qu’il le faut.

— Alors, expliquez-moi… dites-moi tout…

— C’est impossible… Je dois garder le secret…

— Est-ce que vous croyez que je trahirai ?

— Je vous en prie…

— Restez… ou dites-moi votre secret…

— Vous pleurerez davantage.

— Tant pis ! J’aime mieux savoir.

— Eh bien ! vous saurez, dit Roland, prenant tout à coup son parti.