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siné les yeux bruns, affectueux et doux ; sous le nez droit, aux ailes légèrement mobiles, une moustache blonde, voilant un peu la bouche, ferme et rouge, aux dents saines ; le menton, petit et rond, accusait une minuscule fossette. Habituellement, la peau était légèrement colorée par un sang jeune et chaud. On imaginait volontiers qu’un tel garçon, d’apparence si parfaitement équilibrée, devait être un modèle de belle humeur. Mais pour l’instant, son attitude dénotait un trouble profond ; une ombre voilait sa physionomie ; ses yeux reflétaient l’inquiétude et l’irrésolution.

Il fit effort pour demander, en réponse à l’exclamation de Violette :

— Quel bouquet ?

— Celui de ma fête, répondit la jeune fille, dont l’entrain tomba subitement.

Elle se sentit tout à coup préoccupée, frôlée par le vent du malheur, menacée de l’emprise de son tourbillon. Ce qui l’intéressait la minute d’auparavant lui parut soudain indifférent. Elle oublia les reproches préparés ; sa bouche renonça à l’espièglerie d’une moue enfantine et c’est brièvement, avec une hâte d’en finir et de parler d’autre chose, qu’elle ajouta :

— Aujourd’hui, j’ai vingt et un ans. Et il y a une surprise.

— Oh !… pauvre Violette !

Roland parut navré.

— Laissons cela, dit-elle. Qu’avez-vous ?

Il continuait, éludant la question, désireux peut-être de retarder ce qu’il avait à dire.

— Je suis désolé… désolé d’avoir oublié ! Mais, il faut me pardonner. J’ai si peu ma tête à moi !

D’un geste machinal, il se passa la main sur le front.

— Qu’avez-vous ? répéta Violette, pressante, cette fois.