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celle que ressent le cycliste parvenu au haut d’une côte, après le passage du point mort… C’est une simple disposition d’esprit.

C’était celle de Violette Sarmange après sa conversation avec son père.

La vie lui semblait redevenue simple et facile. Elle oublia l’angoisse passagère que lui avait causée, la veille, l’annonce de la candidature imprévue de Pasquale Borsetti et l’attitude non moins inattendue du banquier.

Délivrée de ce souci, sûre d’avoir ramené M. Sarmange à une compréhension plus juste de son devoir et d’avoir fixé ses hésitations dans le sens favorable de son propre bonheur, elle ne voyait plus le rocher monstrueux, surgi brusquement pour barrer son avenir et dont la masse l’avait effrayée, mais un simple caillou qu’on écarte du pied.

C’était fait. Violette retrouva son sourire et se remit à fredonner.

Elle avait vingt et un ans et elle allait être fiancée, selon ses vœux et son libre choix.

La matinée s’acheva dans des soins de toilette et des préoccupations de coquetterie. Il fallait être belle pour annoncer à l’élu qu’il était définitivement agréé et qu’on allait prévoir une date, fixer les détails, agiter tout un programme.

Après le déjeuner, en tête-à-tête avec sa mère, tête-à-tête fort commode pour la continuation des rêves, Violette s’installa dans un petit salon et regarda la pendule.

C’était l’heure de Roland.

Mme Sarmange, dans la pièce voisine, cousait paisiblement de menus vêtements pour les œuvres dont son mari la voulait dame patronnesse.

Le protocole des entrevues était ainsi fixé : Roland arrivait, baisait la main de Mme Sarmange et s’informait de sa santé ; car, c’était à elle qu’il faisait visite. Mais, il s’acquittait de ce devoir sans s’asseoir et dès qu’il avait échangé avec la femme du ban-