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Je n’en sais pas davantage, dit la jeune fille d’une voix tremblante.

— Une affaire ? Depuis quand en fait-il ?

— Je l’ignore, répondit évasivement Violette.

— Et quand reviendra-t-il ?

— Dans un mois, je crois.

— Admirable ! Je m’en vais. Prenez-moi quand je reviendrai. Où vais-je ? Que vais-je faire ? Bernique ! Vous n’avez pas besoin de le savoir !… Qu’en dites-vous, Borsetti ! s’exclama le banquier, stupéfait et mécontent. Avez-vous déjà vu un fiancé s’éclipser avec cette désinvolture, et précisément le soir où on doit célébrer ses fiançailles ?

Le Corse sourit d’un air ambigu. Vraisemblablement, il était embarrassé de sa contenance et ne savait s’il devait charger ou disculper son heureux rival.

Violette, les yeux baissés, gardait le silence, et Mme Sarmange, immobilisant sur ses lèvres un demi-sourire insignifiant et poli, attendait sans impatience qu’on voulût bien s’asseoir.

— Enfin ! soupira Flavien Sarmange. Il faut bien encaisser cette fantaisie, puisque Violette semble la trouver toute naturelle. Nous fêterons les fiançailles au retour.

— C’est cela, approuva Pasquale Borsetti, en découvrant ses dents blanches, ce sera pour le retour de M. Missandier


IV

Le Secret de Roland Missandier


Certains jours, à certaines heures, l’air, autour de nous, devient subitement léger ; le corps y évolue à l’aise, et tous les mouvements cessent de nécessiter l’effort. Nous vivons, nous flottons dans le calme et la douceur. Cela se produit généralement après une période de tension douloureuse. La résistance cède tout à coup et l’impression est