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Le Corse fit un petit geste vague qui pouvait aussi bien être une nouvelle affirmation de regret qu’une protestation d’indifférence. Il était très calme et ses yeux ne témoignaient d’aucune colère.

Presque malgré lui, dévoré d’anxiété, le banquier murmura :

— J’espère que vous ne m’en voudrez pas ?

Pasquale Borsetti bondit avec une pétulance toute méridionale. Il leva ses bras au ciel et s’écria en roulant ses prunelles.

— Moi ? Mais vous êtes fou, mon cher ? Pourquoi ? La chose est toute naturelle. Je m’incline devant les droits antérieurs. Évidemment, il m’est cruel de renoncer à mon rêve… Mais que voulez-vous ? J’espère que cet incident n’altérera en rien la cordialité de nos relations et que Mlle Violette oubliera le prétendant malencontreux pour accueillir l’ami comme par le passé.

— Mais comment donc !… répondit le banquier, visiblement soulagé. Comment donc !… C’est de l’enfantillage !…

Ravi de la façon dont Borsetti s’accommodait du refus, il chercha par quelles prévenances il pourrait entretenir sa bonne humeur.

— À propos, dit le Corse, nous allons, si vous le voulez bien, nous occuper de notre acte d’association. Il faut le renouveler sans retard.

Le banquier devint cramoisi.

— Quand vous voudrez, bégaya-t-il. Je suis à votre disposition.

— Eh bien, tantôt. Nous passerons chez le notaire. Et comme il convient de fêter ce renouvellement, nous pourrions dîner ensemble, au restaurant.

— Faites mieux, s’écria Sarmange, radieux, venez dîner à la maison…

Soudain, il s’arrêta, gêné. — À moins qu’il ne vous soit… désagréable, de rencontrer…

M. Missandier ?