Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Il l’ignorait.

— Tant pis pour lui ! Il vient trop tard. Tu aurais dû le lui déclarer de suite.

— Si tu crois que c’est commode ! Je suis tenu à des ménagements envers lui… Et puis il t’aime.

— Je ne l’aime pas, moi ! déclara Mlle Violette, d’un petit ton décidé.

— Pourquoi ? Il est à peine plus vieux que Roland ; il n’est pas vilain garçon et il est beaucoup plus riche.

— Écoute, père, je suis juste. Je ne vais pas débiner M. Borsetti parce que je le refuse. Je ne te dirai donc pas que j’éprouve pour lui une répugnance instinctive. Non, il ne me déplaît pas. Seulement… je préfère Roland.

— Réfléchis encore.

Violette laissa échapper un geste d’impatience.

— Tu es bizarre ! Je ne vais pas rompre une affection d’enfance parce qu’un monsieur que je connais à peine a eu l’idée saugrenue de vouloir faire de moi Mme Pasquale Borsetti. Tu n’as rien contre Roland ; il n’est pas millionnaire, mais il a deux cent mille francs.

— La misère.

— Tu parles comme un affreux banquier ! avec ce que tu me donnes, nous aurons douze mille livres de rente et nous nous en contenterons.

— Et si je ne puis rien te donner ?

Roland s’en contentera et moi aussi. Te voilà cloué.

— Au diable, Roland ! s’écria Sarmange, avec une fureur soudaine. Ce mariage est une sottise et je devrais m’y opposer énergiquement.

— Oh ! petit père ! pria Violette, en joignant gentiment les mains. Tu ne me feras pas une pareille peine ! Et même tu aurais pitié de Roland, que tu aimes, au fond !