Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/207

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Tout, répondit fermement le docteur Clodomir. Et elle comprend que les risques, tous les risques doivent être courus. Acceptez-vous ?

— Répondez-vous de la vie de Roland ?

— Qui peut répondre de la vie d’un homme ? Mais mieux vaudrait pour lui être mort que continuer à être ce qu’il est.

— En effet, murmura le banquier, qui ne pouvait comprendre le véritable sens de ces paroles. Ainsi, il y a une chance, une chance réelle de lui restituer l’usage de sa raison.

— Une chance indéniable, assura le jeune savant, d’un ton de conviction absolue.

— En ce cas, répondit M. Sarmange, impressionné malgré lui, je ne crois pas avoir le droit de refuser, je vais les signer.

 
 

Quelques heures après cette scène, le docteur Clodomir se précipitait, dans un état d’agitation indescriptible, au milieu du cabinet du professeur Fringue.

Celui-ci causait avec l’homme-singe. Tous deux attendaient le retour du jeune savant, qui devait ramener la forme corporelle de Roland. Et, pour occuper le temps, le professeur interrogeait sur ses sensations et sur certaines particularités physiologiques le gorille, qui répondait avec une distraction évidente.

L’entrée du jeune savant fit bondir les deux êtres.

— Venez vite ! cria, d’une voix étranglée Clodomir, qui semblait avoir perdu la tête, venez vite !… il arrive une chose épouvantable… affreuse…

— Quoi donc ? s’exclamèrent à la fois le professeur et le gorille également frissonnants.

Il se meurt… gémit le jeune médecin, horriblement pâle.

La mâchoire du gorille se mit à trembler violemment.

— Il se meurt ? répéta le professeur, pro-