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— Tout ce qui sera utile, je le ferai. Quelle autorisation faut-il ?

— Celle de faire sortir M. Missandier de la maison de santé… La… personne est dans notre établissement… Il faut…

— Les réunir ? demanda anxieusement Violette.

Mme Sarmange écoutait avec ahurissement cette étrange conversation. Sa fille s’adressa à elle :

— Mère, pria-t-elle, conduis tout de suite Monsieur auprès de papa. Et dis-lui de consentir à tout ce qu’il demandera. Tu as entendu ? Monsieur dit qu’on peut guérir Roland.

— Guérir Roland !… répéta Mme Sarmange en joignant les mains.

Elle n’essayait pas de comprendre, mais s’extasiait de confiance.

D’un ton soumis, elle ajouta :

— Si vous voulez me suivre. Monsieur…

Le banquier s’était réfugié dans son cabinet, pour fuir la vue des gens de police et tâcher de rassembler ses idées en déroute.

Il avait donné l’ordre formel qu’on s’abstint de le déranger. Aussi fronça-t-il les sourcils en voyant la portière se soulever et Mme Sarmange en personne introduire un inconnu.

Cette incursion et cette audace, de la part de la bonne dame, étaient doublement stupéfiantes.

Le banquier en demeura sans voix.

— Mon ami, dit Mme Sarmange, je te présente le docteur Clodomir, qui vient te transmettre une proposition importante.

D’un air parfaitement maussade, Flavien Sarmange l’interrompit.

— Si importante, si intéressante qu’elle soit, dit-il, je ne suis pas dans un état d’esprit qui me permette de l’entendre. Quand une famille est plongée dans le deuil et la douleur, docteur, quand une maison vient d’être bouleversée par un crime épouvantable, on ne songe point aux affaires.