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des murs et de l’institut Fringue. La police n’était pas près de l’y rechercher.

Il ne pouvait malheureusement communiquer cette impression à Violette, que l’inquiétude rongeait.

À son chevet, Mme Sarmange tourmentait son habituel crochet avec une résignation passive.

Du rez-de-chaussée de l’hôtel montait la rumeur d’une incessante agitation, le bourdonnement sourd qui est comme la voix des maisons bouleversées par le crime.

Soudain, le tumulte des voix se rapprocha, deux s’en détachèrent, se précisèrent, presque contre la porte de la chambre. Des pas avaient monté l’escalier. Une main cogna à la porte.

— Je vais demander à Madame, entendit en même temps Mme Sarmange.

Elle murmura :

— Entrez.

Un domestique pénétra dans la chambre et s’avança sur la pointe des pieds.

— C’est un médecin qui demande à voir Mademoiselle, chuchota-t-il.

— Mademoiselle dort, répondit Mme Sarmange sur le même ton. Qui est ce médecin ? Pourquoi vient-il ?

— Il a dit que c’était de la part de M. le professeur Fringue et qu’il ne s’en irait pas avant qu’on ait prévenu Mademoiselle.

— Je ne connais pas le professeur Fringue, dit calmement Mme Sarmange. Mademoiselle n’est pas en état de recevoir. Renvoyez ce monsieur.

Mais, Violette avait entendu. Le professeur Fringue, l’homme qui avait inconsciemment servi les projets de Borsetti ! Elle eut le pressentiment qu’il s’agissait de Roland.

— Mère, appela-t-elle d’une voix faible. Dis qu’on fasse entrer.

Mme Sarmange se retourna vers le lit.

— Mais, tu es trop fatiguée, ma chérie, protesta-t-elle timidement.