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gronda farouchement le gorille. Elle a permis le crime dont je suis victime.

D’un élan emporté, il saisit à pleins bras la table qui le séparait de Fringue et la jeta de côté.

Le molosse hurla à la mort.

— Arrêtez ! cria Clodomir, d’une voix qui domina le bruit. Ne tuez pas « celui qui peut vous faire vivre ».

— Que voulez-vous dire ? s’écrièrent en même temps le professeur et le gorille.

— Une chose bien simple, dit le jeune savant. « Nous pouvons vous refaire un homme ».

— Oh ! s’écria Fringue, en portant les mains à son front. Oh !… comment n’ai-je pas pensé à cela ?

— Expliquez-moi, dit fiévreusement Roland. Reste-t-il un espoir ? Quel est-il ?

— En vérité, s’exclama le professeur avec une volubilité qu’expliquait son soulagement de voir s’éloigner le danger, en vérité il fallait que nous fussions aveugles pour ne pas apercevoir cette solution. Nous pouvons vous rendre votre forme. Il est possible de répéter l’opération.

— Ma forme, répéta Roland, envahi d’une soudaine émotion… Vous me rendriez ma forme ?

— Si vous consentez à courir le risque, volontairement, cette fois. D’ailleurs, il est presque nul. Silence l’expliquait tantôt ; cela me revient, maintenant. Diable de Silence ! pourquoi ne pas m’avoir ouvert les yeux.

Le disciple soupira.

— C’était vous proposer d’anéantir la preuve, dit-il. Tout sera à refaire, maintenant.

— Non point ! s’écrit joyeusement le professeur. La double observation subsistera… Et puis, quel poids de moins ! Résignez-vous docteur Clodomir.

Et se tournant vers Roland, qui écoutait anxieusement :

— Nous sommes à vos ordres… Mais diable !… Y aviez-vous songé, mon petit Silence ?

— Il nous faudrait l’autre… votre corps… Qu’est-il devenu ?