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plus et celui dont nous parlons pense encore.

Borsetti tressaillit, comme si un serpent l’eût mordu et fixa ses yeux ardents sur ceux de Violette.

— M. votre père, reprit-il après un silence, estime que vous ne sauriez vous passer d’un protecteur. Souffrez que ce soit moi.

— Un autre a toutes mes pensées.

— Je serai donc pour vous une sorte d’associé, répondit le Corse d’un ton qui dénotait une inébranlable résolution.

— Malgré moi ? s’écria la jeune fille.

— Avec la permission de votre père, auquel vous n’infligerez pas le chagrin d’un refus.

— Monsieur, supplia Violette, emportée par un élan irréfléchi, ne m’obligez pas à révéler ce qui doit rester un secret. Écoutez-moi… Ce n’est ni à un mort, ni à un fou que j’ai voué le culte de mon souvenir, mais à quelqu’un « qui pourrait venir me reprocher ma trahison ».

Un éclair de fureur jaillit de Borsetti. Il recula d’un pas.

— Je ne crois pas aux revenants ! s’écria-t-il d’une voix sifflante.

Un effroyable craquement couvrit ses paroles. Sous une violente poussée, la fenêtre du petit salon se disloquait, livrant passage au gorille.

Avant que Pasquale Borsetti, livide et pétrifié ait pu faire un mouvement, l’homme-singe bondit près de lui et jeta sur les genoux de Violette la lettre accusatrice.

— Lisez ! gronda-t-il sourdement.

Frémissante, la jeune fille jeta les yeux sur le papier et poussa un cri d’horreur en reconnaissant l’écriture de Pasquale Borsetti.

— Voilà l’homme qui a fait de moi un singe ! dit le gorille.


XVII

Tragique tête-à-tête


Le nom de Pasquale Borsetti fournissait le mot de l’indéchiffrable énigme. Il projetait