Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vait-elle dire à qui elle voulait demeurer fidèle ?

M. Sarmange haussa les épaules.

— Ne faisons pas de drame, dit-il. Ce n’est pas trahir que de continuer à vivre. Le pauvre Roland, s’il pouvait parler, serait le premier à te déconseiller un aussi monstrueux sacrifice.

Violette soupira sans répondre. Il continua :

— Je t’ai dit, il y a quelques mois, les raisons qui militaient en faveur de Borsetti. Elles n’ont point diminué de valeur et la seule objection que tu pouvais me faire a disparu.

Comme il n’obtenait toujours point de réponse, il s’impatienta.

— Caprice de petite fille ! Donne-moi une seule bonne raison… Il s’agit de ma fortune, Violette, songes-y. Quand il pouvait être question de ton bonheur, j’acceptais la ruine. Mais, maintenant, ce serait dur… très dur… et si inutile !… Que peux-tu objecter contre Borsetti ? Réponds.

— Plus tard ! supplia-t-elle.

— Plus tard, soit ! à condition qu’il soit bien entendu, en principe, que tu ne refuses plus de te marier.

— Plus tard, répéta Violette.

Elle ne songeait plus qu’à gagner du temps, à obtenir une trêve, sans avoir à donner sa seule, sa vraie raison. Aussi las qu’elle de cette discussion, M. Sarmange se contenta de la demi-adhésion.

Il en profita pour annoncer à son candidat que sa fille consentait, sous réserve qu’on ne la presserait point de fixer une date.

Borsetti jura ses grands dieux qu’il aurait une patience d’ange et qu’il lui suffirait de pouvoir rêver à son bonheur, si éloigné fût-il. Puis il demanda timidement qu’on lui permit au moins de se considérer comme fiancé.

M. Sarmange jugea aussitôt que Violette aurait mauvaise grâce à refuser de consacrer l’accord général. En fait, Pasquale Borsetti, officiellement agréé par les parents et tacitement admis par elle-même, ne demandait