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— Au père… si vous le permettez…

— Je permets. Rien ne s’oppose à ce que je vous entende. Un événement… fort triste… mais auquel nous ne pouvons rien… a changé complètement la situation. Ce sera forcément au bénéfice de quelqu’un. Inutile de vous dire que je vous préfère à tout autre.

— Je n’ai jamais cessé… d’y penser, dit Borsetti, en affectant la plus grande émotion. Mais, je n’osais vous en parler. Je respectais la légitime douleur de Mlle Violette.

— Ma fille a payé au malheureux son tribut de regrets ; mais elle ne saurait renoncer aux joies de la vie. C’est assez que la catastrophe ait fait une victime.

— Elle semble vraiment fort affectée.

— Elle l’est Borsetti. Songez qu’il s’agit d’une amitié d’enfance. Mais, peut-être se méprend-elle elle-même sur la durée et le caractère de sa douleur. Les petites filles sont ainsi. Dans un moment d’exaltation sincère, on jure à un souvenir une fidélité éternelle. Puis, le temps passe ; la blessure se cicatrise ; le chagrin s’apaise. Mais, par crainte des re-