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Je suis au contraire un homme bien moderne, curieux des choses naturelles et niant le merveilleux qui ne s’appuie point sur elles et ne peut être expliqué. C’est pourquoi je m’offre à vous, pour que la science fasse un nouveau pas en avant. Décidément, acceptez-vous ?

— S’il en est ainsi… je crois que nous pouvons… que nous devons… tenter la chose… Qu’en dites-vous, mon petit Silence ?

Par trois fois, l’élève hocha affirmativement la tête et le professeur parut infiniment soulagé par cette marque d’approbation.

Soudain, il retrouva toute son exubérance et, se levant, il se mit à parcourir le laboratoire à grands pas en se frottant les mains d’un air d’intense jubilation.

— À ne considérer que le côté scientifique… et même humanitaire… en se plaçant, bien entendu, au point de vue de l’intérêt général des espèces… l’expérience sera curieuse… excessivement curieuse… Et ce sera ma gloire de l’avoir tentée !

Lancé en pleine chimère, il sembla oublier pendant quelques instants la présence de ses interlocuteurs. Son visage reflétait un enthousiasme extraordinaire, qui contrastait avec le calme silencieux du docteur Clodomir.

S’arrêtant devant celui-ci, il clama :

— Nous la tiendrons enfin, la preuve !… la preuve !…

Et, pivotant brusquement sur ses talons, il revint se planter devant l’inconnu.

— Votre nom passera à la postérité, inscrit au martyrologe de la science ! s’écria-t-il.

— Oui… plus tard… dit l’inconnu d’un ton légèrement sarcastique. Mais, d’abord, il faudra me garder le secret.

— Sans doute, acquiesça le savant, un peu dégrisé. Il faut craindre les révélations prématurées. De semblables révolutions ne se font pas en un jour…

— Maintenant, si vous le voulez bien, ré-