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à faire connaître son domicile et à indiquer s’il était toujours en possession de son singe.

Toute cette campagne était si visiblement inspirée que Roland, à qui le saltimbanque en apportait les échos, flaira instinctivement l’ennemi.

Pour quelque motif que ce fût — soit qu’il eût appris les recherches faites à Fontenay, soit que sa haine insatiable ne voulût point perdre de vue sa victime — il s’inquiétait du sort du gorille et avait imaginé ce moyen pour le rechercher, sans se mettre personnellement en avant.

Le fait qu’il se servait de la presse comme d’un projecteur pour fouiller le monde d’un jet de lumière, n’indiquait point une puissance particulière, d’argent ou de relations. Il suffit d’une occasion pour glisser dans l’oreille d’un reporter à court de copie une idée d’écho ; et, avec un peu de chance, celui-ci fait son chemin. Le moyen choisi, l’ampleur du tintamarre obtenu ne suffisaient donc point à situer socialement l’individu qui en était l’instigateur.

Mais, puisqu’il attaquait, il se rapprochait de Roland, il offrait une chance de le découvrir. L’homme-singe se résolut à en profiter, quel que fût le risque.

Après réflexion, il réintégra sa cage et envoya Godolphin faire, au commissariat voisin, la déclaration réclamée.

L’effet fût prompt. La presse cessa de s’occuper du gorille. Ce pouvait être l’indice que, sa curiosité satisfaite, l’inconnu entendait agir personnellement.

Roland demeura dans sa cage et attendit, ayant averti Godolphin du rôle qu’il aurait à jouer, le cas échéant.

Mais, contrairement à ses suppositions, aucun espionnage ne se manifesta autour de la bicoque qu’ils habitaient. L’ennemi ne parut, ni en personne, ni par émissaires.