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nommé Roland Missandier. La location a été conclue par son domestique, un petit bougre boutonné qui ne lâchait que ce qu’il voulait, comme paroles s’entend, parce qu’en fait d’argent il était plutôt large. Paraît qu’ils se sont installés de nuit, le 15 février, sans tambour ni trompette. La vieille, au matin, a trouvé les volets ouverts, et alors, pendant un mois, ça a été un mic-mac, des médecins qui venaient, qui partaient, qui revenaient. Puis un beau jour, tout a disparu, encore de nuit, ni vu, ni connu. Les médecins sont bien revenus, mais, macache ! y avait plus personne.

— C’est tout ? demanda Roland, profondément désappointé.

— C’est tout, patron… Ah ! y a encore ça : dans la villa, il y avait deux malades. On l’a su dans le voisinage parce que deux infirmiers sont venus, vers les onze heures du soir, casser une croûte dans un café. Et ils ont raconté qu’ils venaient d’aider à emballer deux individus drôlement ficelés. C’étaient les types de la villa des Roses. Paraît qu’ils étaient entortillés dans des couvertures à ne pas laisser le bout de leur nez et qu’ils ne bougeaient pas plus que des morts. On les a fourrés dans une grande auto, sur les banquettes, en vis-à-vis, et puis un petit chauffeur, qui devait être le domestique, a sauté sur le volant et, bonsoir ! en quatrième !

— Quelle direction ont-ils pris ?

— Ça, patron, on ne me l’a pas dit. Et puis, ils ont pu changer en chemin… Vous trouvez que, comme piste, c’est moche ? Le fait est que, pour la suivre, il faudrait avoir le nez creux.

Il parut bien, en effet, que toutes les précautions avaient été prises pour isoler les deux manifestations du faux Roland Missandier. Pour la première, la piste s’arrêtait à la porte de l’institut du scalpel. Sorti de l’ombre, l’homme y était rentré aussitôt et sa courte apparition ne donnait sur lui aucun