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— Tu ne peux pas tout comprendre, Godolphin, soupira le gorille. Moi-même, je suis resté longtemps à me croire fou. Ce n’est que depuis une heure que je suis sûr, hélas ! d’avoir toute ma raison.

— Aussi, faut avouer que c’est pas simple ! Vous êtes comme qui dirait un homme déguisé en singe

— Précisément.

— Et vous n’êtes pas le seul à le raconter, puisque la petite demoiselle paraît y croire dur comme acier. Mais, pour se fourrer ça dans la caboche, y a de quoi la faire éclater !… Enfin, motus ! Je reste au port d’armes ! On m’a payé pour vous balader, je vous balade, vrai de vrai, comme nourrisson, vous êtes de taille.

— Ainsi, je peux compter sur votre dévouement ?

— Allez-y, mon vieux Poil-aux-Pattes ! Excusez la familiarité, faut le temps de s’y faire.

— Peu importe, dit Roland. Parle comme tu voudras.

— Le cœur sur la main : on sait à quoi s’en tenir. Pour en revenir à la chose d’être votre bonne d’enfant, je vous dirai que j’y suis tout porté, pas seulement rapport à la galette que la depoiselle m’a allongée, — quoique je ne méprise pas ça, — mais aussi parce que j’ai un petit sentiment à votre endroit. On n’est pas de bois, quoi ! Nous avons traîné la balle ensemble, ça rapproche, quoique nous ne soyons pas de la même catégorie.

— De sorte que tu es prêt à me suivre et à m’aider dans ce que j’entreprendrai ?

— Sauf la considération que je dois à mon pupille, je pourrais en écouter de plus bêtes ! Sans compter que, pour la jugeotte, vous m’avez toujours épaté. Et, maintenant que vous jaspinez comme père et mère, ça serait malheureux de ne pas pouvoir s’entendre.

— Bien. Écoute. Il y a un homme qui a fait mon malheur. Je veux retrouver cet homme.