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l’œuvre d’un faussaire… ou d’un… d’un mauvais plaisant… Atroce plaisanterie !…

Le professeur Fringue frissonna, épouvanté par son œuvre.

— Voyons… voyons, bégaya-t-il, en s’efforçant de rassembler ses idées. Je n’ai pas rêvé. Un homme s’est présenté devant moi et s’est déclaré prêt à subir une opération dont l’idée me hantait. Cet homme, je l’ai retrouvé au jour dit, à l’endroit indiqué… Pouvais-je hésiter ?

Mais le jeune médecin secouait la tête en signe de dénégation.

— Erreur ! prononça-t-il.

Ce fut comme si la foudre tombait aux pieds du savant. Il comptait tellement sur son approbation !

— Erreur ! bégaya-t-il. Qui vous fait penser cela, docteur Clodomir ?

— N’est-ce pas, s’écria Roland, presque avec un accent de triomphe, ce n’est pas moi qui ai voulu cela ?

— Ce n’est pas vous, articula le docteur Silence.

— Mais, qui, alors ? qui ? gémit le professeur, en faisant le geste de s’arracher les cheveux.

— Un autre, dit Clodomir sans la moindre émotion.

— Supposition toute gratuite ! protesta le professeur Fringue, en tentant de hausser les épaules. Une preuve ! docteur Clodomir, donnez-moi une preuve à l’appui de ce que vous avancez.

Le disciple fixa le maître et dit froidement :

— Ils n’étaient pas de la même taille.

— Oh ! fit le professeur, frappé.

Roland était suspendu aux lèvres du jeune docteur, recueillant avidement ses paroles.

Le professeur Fringue faisait effort pour se souvenir.

— Je n’observe pas cela, murmura-t-il avec une expression déconfite. Qu’importe la taille d’un homme quand il prononce des paroles importantes ? Qui songe à cela ? Vous, peut-être, docteur Clodomir, parce que rien ne vous échappe. Oui, vous devez avoir rai-