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du scalpel amenant Godolphin et son étrange compagnon.

Ce fut Godolphin qui sauta à terre et courut sonner à la porte de l’institut.

Presque aussitôt, le portier colosse se montra dans l’entrebâillement.

Stylé, Godolphin lui fourra une carte dans les mains.

— Portez ça au professeur Fringue. Et au trot, c’est urgent.

Impressionné par l’aplomb du saltimbanque, il obéit sans faire d’observation ; mais il prit toutefois la précaution de fermer la porte derrière lui.

— Va, mon vieux ! T’en seras quitte pour la rouvrir, grommela Godolphin vexé…

Il revint vers la voiture et cria :

— Ne vous impatientez pas, mon prince. On fait la commission.

Trois minutes après, fébrile, affolé, le professeur Fringue en personne rouvrait là, porte. La silhouette du docteur Silence s’apercevait derrière lui. Ils avaient lu sur la carte : « Roland Missandier ».

— Où est-il ? cria le professeur, en s’accrochant à Godolphin.

— Pas dans ma poche, goguenarda celui-ci, en se dégageant. Laissez-lui le temps de descendre.

De la portière surgit le gorille emmitouflé.

— Voulez-vous venir ? murmura-t-il en indiquant la porte. Nous causerons là-bas.

Sans mot dire, le gorille pénétra dans l’établissement.

— Je vous attends, patron ? cria Godolphin.

Le cache-nez s’inclina deux ou trois fois de suite, en signe d’acquiescement.

— Dommage qu’il n’y ait pas de marchand de vin, murmura le saltimbanque en explorant de l’œil les environs, ça m’aurait aidé à patienter.

Derrière la porte refermée, le gorille, encadré par les deux savants, traversait la cour. Guidé par eux, il entra dans le pavillon, dont le docteur Silence s’attarda à clore soigneusement la porte.