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crois qu’à la chirurgie… Elle réclame son holocauste.

— C’est légitime… Et maintenant, vous rêvez l’échange entre l’homme et la bête…

— Monsieur !…

— Vous avez cherché l’homme, le patient !

— C’est faux !

Vous l’avez cherché… humblement, timidement, heureusement dans les bas-fonds de la société, dans les bagnes et dans les bouges… D’abord, vous l’avez voulu volontaire…

Pâlissant et rougissant tour à tour, le professeur haletait, partagé entre la fureur et l’épouvante.

— Clodomir ! s’écria-t-il, parlez !… N’est-ce pas que cela dépasse les bornes ? N’est-ce pas que je ne dois pas tolérer ?

— Enfin, continua l’énigmatique personnage, pris d’une de ces folies frénétiques d’inventeur, vous avec songé à vous procurer de force par ruse, ce passant qui ne voulait pas venir.

Consterné, le professeur n’interrompait plus. Silence écoutait d’un air intéressé, sans qu’un muscle de sa face tressaillît.

— Dans ce pavillon, ici, vous avez ramené un vagabond, un ivrogne… Mais le courage vous a manqué. Vous avez laissé échapper l’homme. Dégrisé, il s’est souvenu ; c’est par lui que je sais.

Les lèvres du professeur tremblèrent ; mais aucun son ne sortit. Et ce fut le docteur Silence qui parla.

— Chantage ? demanda-t-il simplement, d’un air aimable.

— Non pas ! protesta l’inconnu. Je viens en admirateur… et en ami. Ce patient que le professeur Fringue a cherché en vain, j’offre de le lui procurer.

— Et qui sera-ce ? s’écria le savant, au comble de l’émotion.

— Moi !