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Deux heures après, il le ramenait et l’installait au chevet de la malade.

Toujours égoïste dès qu’il croyait poursuivre un but scientifique, le professeur songeait exclusivement à satisfaire la curiosité qui l’animait.

— Il faut, déclara-t-il d’un ton qui n’admettait pas de réplique, qu’on me laisse causer quelques instants seul avec mademoiselle.

Sans risquer la moindre objection, le médecin et Mme Sarmange s’empressèrent de se retirer dans la pièce voisine.

Tout d’abord, le professeur garda un silence méditatif et, bien qu’il fût généralement fort dédaigneux des contingences, affecta de s’intéresser au cadre de la maladie, c’est-à-dire aux murs et aux meubles de la chambre. Lentement, il en fit le tour.

En réalité, il cherchant une entrée en matière et surtout un moyen de légitimer certaines questions qu’il voulait poser, de manière à ne point éveiller des soupçons relatifs à ses rapports antérieurs avec le gorille.

En quête de l’inspiration, son regard se promenait sur les murs et paraissait examiner les photographies.

Au passage, il rencontra, sur la cheminée, celle devant laquelle la rose mauve achevait de se faner et cette vue provoqua en lui comme une commotion électrique.

— Oh ! fit-il, en s’arrêtant, médusé.

Mais, aussitôt, son visage, brisant le masque d’émotion qui l’avait un instant voilé, laissa percer un rayonnement.

— J’aurais dû m’y attendre ! s’exclama-t-il en s’administrant une claque sur le front.

De son lit, la jeune fille suivait les mouvements du professeur avec cette indifférence caractéristique des malades dont les centres vitaux ont ralenti leurs fonctions. Ses yeux, ouverts ou mobiles, prouvaient, néanmoins, qu’elle avait toute sa connaissance.

— Vous connaissez ce jeune homme, made-