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lubies du terrible professeur pour se choquer ou décevoir son impétueuse curiosité. C’est la fille du banquier, et si vous lisiez les journaux, mon cher maître…

Il s’arrêta de lui-même, de plus en plus interloqué. Par dessus sa tête, en effet, le professeur Fringue se livrait à une télégraphie désordonnée à l’adresse du docteur Clodomir, et celui-ci répondait par des signes tout aussi mystérieux.

— Bon, s’écria le professeur en se frottant joyeusement les mains, sans la moindre apparence de raison. Je vois son cas… et il m’intéresse vivement, mon cher confrère.

— J’en suis ravi pour ma cliente, murmura modestement le médecin, ébahi d’une amabilité à coup sûr inhabituelle.

— Quand désirez-vous que je voie la malade ?… Je pense, docteur Clodomir — ici le professeur Fringue oublia le médecin pour ne consulter que son conseiller ordinaire — je pense que je dois y aller sur l’heure ? Il y a là une… une observation à faire… Hé ? hé ? mon petit Silence ?… c’est un cas ! J’ose dire que c’est un cas !… Et une chance !

Il se dressa d’un mouvement décidé et se dirigea vers la porte.

— Quand vous voudrez ! dit-il en passant devant le médecin.

— Certainement, mon cher maître, certainement balbutia celui-ci en s’empressant de suivre.

Il ne soupçonnait point, naturellement, que l’intérêt si brusquement éveillé du professeur demeurait totalement étranger à la maladie de Violette.

Comme l’avaient dit les journaux et comme laissait entendre son médecin, l’état de la pauvre jeune fille était grave ; la secousse l’avait fortement éprouvée.

Appelé en hâte, le médecin trouva la jeune fille tellement bouleversée, si proche de la folie que, faute d’entrevoir la cause, il courut chez le professeur Fringue.