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opposées de Mayenne, qui s’appuyait sur la noblesse et le Parlement, et du roi d’Espagne, qui était soutenu par d’obscurs démagogues, et qui voulait faire donner la couronne de France à sa fille Isabelle, en la mariant au jeune duc de Guise, fils du Balafré ; les cruautés des Seize, qui allèrent jusqu’à étrangler trois magistrats accusés de royalisme, tout cela finit par dégoûter le peuple parisien, et l’attirer vers la bonne cause. En vain les Ligueurs firent un dernier et suprême effort, en convoquant des États-Généraux à Paris pour l’élection d’un roi ; en vain Philippe II, dont ils étaient devenus les instruments, se flattait déjà de toucher au but de ses espérances ambitieuses. Le Parlement quoique captif et estropié, suivant l’expression de l’historien Péréfixe, rendit un arrêt pour empêcher « que, sous prétexte de religion, la couronne ne fût transférée en des mains étrangères. »

316. abjuration de henri iv. — L’abjuration de Henri IV porta le dernier coup à la faction espagnole, et rallia la masse de la nation à la cause royale. Henri n’avait ni haine ni prévention contre la foi dans laquelle ses pères avaient vécu. Les rois ses prédécesseurs avaient tous été catholiques ; l’immense majorité de ses sujets partageait ces croyances, et sa conversion était le seul moyen de mettre fin à la guerre civile ; il n’hésita pas à se faire catholique. Après plusieurs entretiens avec les évêques, il abjura le 25 juillet 1593, dans l’église de Saint-Denis, entre les mains de l’archevêque de Bourges, et au mois de février suivant il se fil sacrer à Chartres. Désormais tous les cœurs furent pour lui.

317. Satire Ménippée. — La faction des Ligueurs expirait en même temps sous l’arme du ridicule. La Satire Ménipée[1], composée contre Mayenne et l’influence espagnole par les plus spirituels royalistes, Pithon, Rapin, Passerat, etc. acheva la ruine des ennemis du Béarnais en publiant un Abrégé de l’Histoire de la Ligue, un Abrégé de la farce des

  1. Ainsi nommée de Ménippe, ancien poëte satirique.