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CONSTANTINOPLE.


Cette ville magnifique est située sous le 41e degré de latitude septentrionale, et vers le 26e degré de longitude orientale.

Elle fut fondée environ 660 ans avant l’ère chrétienne par Pausanias, roi de Lacédémone, qui lui donna le nom de Byzance. Constantin, sous le règne duquel cessèrent les persécutions contre les chrétiens, lui donna son non, et y établit le siége de l’empire d’Orient au commencement du 17e siècle. Les Français s’en emparèrent en 1204, et les Grecs la reprirent en 1261. Mahomet II en chassa les Grecs l’an 1453, et en fit le siége de son empire. Les Turcs lui donnent le nom de Stamboul.

L’emplacement qu’occupe Constantinople semble avoir été marqué par la nature pour l’établissement d’une ville du premier ordre ; elle s’élève en triple amphithéâtre sur un promontoire triangulaire, défendu par un bras de mer étroit, et qui s’élargit insensiblement dans la direction de l’Asie, dont il n’est séparé, à son point le plus rapproché, que par un canal étroit. Un bateau peut faire ce trajet en moins d’un quart d’heure, et communiquer ainsi d’Europe en Asie. Ce détroit, que les anciens appelaient le Bosphore, parce qu’un bœuf pouvait le traverser à la nage, coule, dans un espace d’environ six lieues, entre la mer Noire et celle de Marmara. Ses bords offrent le spectacle le plus varié et le plus pittoresque ; il fait un coude en entrant dans la mer de Marmara, enveloppe Constantinople, et forme, par une de ses branches qui plonge dans les terres, le port appelé la Corne d’or, qui sépare la ville proprement dite des faubourgs de Galata et de Péra.

Ce port, où, dans la gravure, on voit entrer différens bâtimens, est par sa situation et son développement un des plus beaux du monde, et convient à la capitale de l’Europe et de l’Asie centrales. La ville forme un triangle, dont deux côtés sont baignés par la mer de Marmara et les eaux de la Corne d’or, tandis que la base qui tient au continent européen présente un plateau élevé, dont quelques inégalités rompent seules la surface.

Le terrain de Constantinople consiste en collines à pente insensible, qui s’élèvent graduellement du côté du continent, tandis qu’elles déclinent dans la direction du sérail placé à la pointe du triangle entre la rade et la mer. Les Romains, en souvenir des sept collines sur lesquelles Rome était bâtie, appelèrent aussi Constantinople la ville aux sept collines, comme pour l’associer à la puissance de la capitale de l’empire d’Occident ; cependant cette dénomination manque de justesse, car si l’on ne considère que les collines sensiblement prononcées, il y en a moins de sept, et si on les compte toutes, le nombre en est plus considérable. Le point culminant de la première colline, à partir du sommet du triangle, est occupé par le sérail ou palais du sultan. Derrière ce palais, et sur le revers de la pente, s’élève le dôme de Sainte-Sophie. La seconde colline est couronnée par la mosquée d’Osman, dont le dôme frappe par sa hardiesse et sa hauteur, La mosquée de Suliman, plus grande encore, domine la troisième ; un ancien aqueduc, dont les arches hardies produisent un effet magnifique, réunit la troisième à la quatrième. Sur le point le plus élevé de la chaîne des collines, le sultan actuel, Mahmoud, a fait construire une tour élevée où une garde veille sans cesse, pour signaler les incendies qui se manifestent fréquemment dans cette cité dont toutes les maisons sont en bois.

Quoique la principale rue de Constantinople, qui part du sérail et traverse la ville, ne soit interrompue que de loin en loin, les maisons sont en général séparées les unes des autres par des espaces nus ou par des jardins, des arbres, d’anciennes ruines, et par des mosquées isolées dont les minarets, élancés comme des flèches et d’une blancheur éclatante, contribuent puissamment à la beauté de l’aspect.

La situation de Constantinople sur des hauteurs contribue à sa salubrité. Ouverte aux brises qui soufflent du Bosphore, de la mer de Marmara et des plaines de la Thrace, elle est nettoyée par les eaux de pluie qui descendent des collines et qui balaient les immondices ; cependant elle est souvent exposée à la peste.

Constantinople est entourée de murailles flanquées de tours : ces murailles et ces tours, du côté de la mer de Mar-