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vaient la marche de l’administration générale. Cherchant à diviser le territoire en parties à peu près équivalentes, elle n’a pu ni voulu faire correspondre à chacune des divisions anciennes un nombre exact de divisions nouvelles ; aussi n’a-t-on pu indiquer comme appartenant à chaque province que les départemens dont la plus grande partie s’y trouvait enclavée.

On a aussi négligé les subdivisions des grandes provinces, comme surchargeant trop le tableau ; ainsi, le département de l’Aveyron, qui est entièrement formé du Rouergue, a néanmoins été compris dans la Gascogne, parce que le Rouergue faisait partie de cette ancienne province.




Il n’y a que trois classes d’hommes : les rétrogrades les stationnaires et les progressifs.

Lavater




AVRIL


ORIGINE DE CE MOIS. — PÂQUES. — ŒUFS DE PÂQUES.

D’après les étymologistes, le nom de ce mois vient du mot latin aperire, ouvrir, parce qu’alors, disent-ils, la terre ouvre son sein et se pare de fleurs. Ce mois se trouve toujours au commencement du printemps ; les Romains l’avaient consacré à Vénus ; il était figuré par un homme qui semblait danser au son d’un instrument. Avril était le deuxième mois de l’année de Romulus, qui commençait par mars, et il avait 50 jours ; Numa le réduisit à 29, et César lui en rendit 50 ; suivant Suidas, les Grecs l’avaient mis sous la protection d’Apollon.

On trouve souvent dans nos anciens poètes l’expression d’avril pour signifier le printemps même.

PÂQUES signifie passage. Moïse institua cette fête en mémoire du passage de l’ange qui extermina les premiers nés des Égyptiens.

Voici la manière dont les juifs célébrèrent la Pâque en Égypte pour la première fois. Le dixième jour du premier mois du printemps, nommé Nisan chez les Hébreux, chaque famille ayant choisi un agneau mâle sans défaut, le garda jusqu’au quatorzième du même mois. L’agneau fut égorgé le soir de ce jour, et après le coucher du soleil, on le fit rôtir pour le manger la nuit suivante avec des pains sans levain et des laitues amères.

La Pâque chrétienne est célébrée en mémoire de la résurrection de Jésus. Les plus anciens monumens attestent que cette solennité est aussi ancienne que le christianisme même, et qu’elle fut établie aux temps des Apôtres. Dès les premiers siècles elle a été considérée comme la plus importante et la plus auguste fête de cette religion. On y administrait solennellement le baptême aux catéchumènes ; les fidèles y participaient aux mystères avec plus d’assiduité que dans les autres temps de l’année, on y faisait d’abondantes aumônes. Plusieurs empereurs ordonnèrent, à cette occasion, de rendre la liberté aux prisonniers dont les crimes n’intéressaient point l’ordre public.

Au second siècle, il y eut de la variété entre les différentes églises quant à l’époque de la célébration de cette solennité. Celles de l’Asie mineure la faisaient comme les juifs, le quatorzième jour de la lune de mars. L’église romaine, celles d’Occident et des autres parties du monde la remettaient au dimanche suivant. Après de nombreuses contestations entre les divers membres de la puissance ecclésiastique dans la chrétienté, le conseil de Nicée porta enfin, en 525, des décisions positives.

Dans quelques provinces, à l’issue de l’office des Ténèbres, les enfans sortent de l’église, et parcourent les rues en agitant fortement des crécelles, et frappant avec des mailloches contre les portes. Quelques personnes croient voir dans ce bruit une imitation du déchirement du voile du temple de Jerusalem, ou l’expression du désordre de la nature dans ces momens de deuil.

C’est peut-être aux Phéniciens, qui adoraient le Créateur sous la forme d’un œuf, que nous devons les œufs de Pâques. Suivant leur croyance, la nuit, principe de toutes choses, avait engendré un œuf, d’où étaient sortis l’amour et le genre humain. Vers Pâques, le soleil arrive sur l’équateur, et nous quittons les longues nuits : l’œuf primitif se brise, et le genre humain renaît.




Une bonne œuvre. — L’année approchait de son terme. Assis àl’Fombre d’un palmier, le riche Hassan énumérait avec une satisfaction extrême ses bonnes actions.

« Quatre bourses à la mosquée d’Ispahan, et trois à la grande caravane de la Mecque, plus six tomans à un saint derviche, afin qu’il fasse pour moi trois prières par jour, et cinq tomans pour des amulettes distribuées au peuple. — Plus un pain par semaine à ma voisine, qui, bien que pauvre elle-même, élève un orphelin. »

Tandis que dans la joie de son cœur il met ces sommes diverses sous les yeux de l’Éternel, il voit des doigts de rose effacer ce qu’il vient d’écrire, hors le dernier article.

Le Persan se retourne enflammé de colère pour punir l’insolent qui trouble ses calculs. Un génie aux ailes d’or, revêtu d’une robe éthérée, s’appuyait sur son siége.

« Je suis, dit-il, envoyé de Dieu pour porter aux pieds de son trône toute bonne œuvre qui, telle que le parfum d’un sacrifice, faite avec un cœur désintéressé, double le mérite de son auteur. J’ai, suivant mes instructions, rectifié tes calculs. »

Ainsi parla Azariel au prince orgueilleux, et il s’évanouit à ses regards.


TURENNE.

Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, est né à Sedan, le 16 septembre 1611. Il était protestant-calviniste. Son enfance fut peu remarquable par le développement extraordinaire des facultés ; cependant il montrait un goût décidé pour l’art de la guerre, et recherchait avec ardeur les récits de bataille. Il était d’une si faible constitution, que son père hésitait à le mettre dans la carrière militaire. On raconte que Turenne, enfant, voulut prouver qu’il était de force à supporter les fatigues de la guerre, et qu’il passa une nuit d’hiver sur les remparts de Sedan ; le lendemain matin, son gouverneur le trouva endormi sur l’affût d’un canon.

Il fit ses premières armes en 1625, dans la Hollande, sous le commandement de son oncle, Maurice de Nassau. Il vint ensuite à Paris, où il fut nommé colonel d’un régiment d’infanterie, puis maréchal-de-camp, après une action d’éclat en Lorraine.

Il passa en Alsace, ou il combattit avec le célèbre duc d’Enghien, dont il eut plusieurs fois à réparer les fautes. Après de brillans exploits contre les impériaux et les Bavarois, il eut la gloire de faire signer le fameux traité de paix de 1648, dit de Westphalie.

Mais les talens militaires et le courage de Turenne avaient à peine mis fin à la guerre extérieure, que les troubles civils de la minorité de Louis XIV commencèrent. D’un côté, étaient des princes turbulens, comme le duc de Bouillon, les princes de Condé et de Conti, le duc de Longueville, qui voulaient soutenir leur indépendance contre la royauté et de l’autre côté, se trouvait la royauté elle-même qui cher-