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ment aussi que ce poids est comme une sorte d’ancre qui maintient la cloche à une hauteur désirée. Deux fenêtres sont pratiquées au sommet de la clocne, et fermées par des verres bombés très épais, appelés verres lenticulaires. G et H sont deux réservoirs d’air qui en contiennent chacun environ un hectolitre et demi. Au moyen du robinet I, et des tuyaux de communication cc, on peut à volonté laisser dégager l’air chaud et vicié, pour le remplacer par de l’air pur et frais. Quand un des réservoirs est vide, on avertit le bateau qui supporte tout le système, au moyen d’un nombre déterminé de coups de marteau frappés sur les parois.

Un perfectionnement très ingénieux, dû à M. Spalding, permet aux plongeurs d’élever eux-mêmes à leur guise la cloche jusqu’à la surface de l’eau, ou de la fixer à une profondeur quelconque.

Une seconde cloche KK, plus petite que la première, est fixée au-dessus de celle-ci. Au moyen des deux robinets d et e, les ouvriers peuvent à volonté laisser échapper l’air de la cloche supérieure, ou y faire entrer celui de la cloche inférieure. Quand on est au fond de l’eau, le robinet d est ouvert, la partie supérieure est pleine d’eau, et dans cet état tout l’appareil, sans le poids F, est plus léger qu’un égal volume d’eau, et devient plus lourd par l’addition de ce poids. Veut-on s’élever, on tourne le robinet e : l’air de la grande cloche, immédiatement remplacé par celui du réservoir, entre dans la petite, en chasse l’eau, et tout l’appareil, y compris le poids F, devenant plus léger qu’un égal volume d’eau, commence à s’élever.

On voit que ce système aquatique correspond tout-à-fait à celui des parachutes dans les ballons. Il faut avoir soin de ne faire rentrer l’air que lentement dans la cloche supérieure, car sans cela on s’élèverait avec tant de rapidité, que les ouvriers pourraient être renversés de leurs siéges.




LE FER À CHEVAL,

LÉGENDE, PAR GŒTHE.


Un jour Jésus se dirigeait avec sa suite vers une petite ville ; il vit sur la route quelque chose de brillant : c’était un fer à cheval cassé. Il dit à saint Pierre de le ramasser ; mais saint Pierre n’y était pas disposé ; tout en marchant, il venait de rêver à l’empire du monde, car ses rêveries n’avaient point de bornes, et c’était là sa pensée favorite. La trouvaille était trop au-dessous de lui : il lui aurait fallu des sceptres et des couronnes ; mais devait-il courber son dos pour une moitié de fer à cheval ? Il se détourna, et fit semblant de n’avoir pas entendu.

Jésus, toujours bon et patient, ramassa lui-même le fer à cheval. À l’entrée de la ville, il s’arrêta devant la porte d’un forgeron, et le lui vendit trois deniers. Comme ils passèrent ensuite sur le marché, il vit de belles cerises, et en acheta autant que l’on peut en avoir pour trois deniers ; puis, selon sa coutume, il les mit tranquillement dans sa manche.

On sortit de la ville. Le chemin traversait des prairies et des champs sans maisons, il était entièrement privé d’ombrage ; le soleil brillait, la chaleur était grande, de sorte qu’on aurait volontiers donné beaucoup d’argent pour un peu d’eau. Le Seigneur, qui marchait toujours en avant, laissa tomber, comme par mégarde, une cerise, et saint Pierre, qui le suivait, se baissa pour la ramasser avec autant d’empressement que si c’eût été une pomme d’or. La cerise humecta fort agréablement son palais. Jésus, un instant après, laissa tomber une seconde cerise, et Pierre de s’en emparer aussitôt. Le Seigneur continue pendant quelques temps à lui faire courber son dos pour ramasser des cerises ; puis il lui dit en plaisantant : « Pierre, si tu l’étais baissé quand il le fallait, tu aurais mangé tes cerises plus commodément ; celui qui néglige les petites choses, risque de se donner beaucoup de peine pour des choses encore moins importantes. »




FLOTTAGE DES BOIS.


DISETTE DE BOIS À PARIS. — INVENTION ET PERFECTIONNEMENT DES TRAINS PAR JEAN ROUVET ET RENÉ ARNOUL.

Le train est une sorte de radeau fait de bois à brûler. Les bûches sont fortement liées ensemble, de manière à pouvoir flotter d’une distance assez éloignée jusqu’à Paris sans se séparer. Les trains ont ordinairement environ 56 toises ou 216 pieds de long sur une largeur de 14 ou 15 pieds. La première construction des trains était loin d’avoir le degré de perfection connu aujourd’hui. À l’origine, c’étaient des hommes armés de plastrons de peau rembourrés, qui guidaient les trains par la seul force de leurs bras : maintenant on les gouverne plus facilement au moyen de l’aviron et du pieu qui s’y trouvent fixés.

Avant l’invention des trains, on charroyait aux ports de Paris les bois des environs, qui fournirent ainsi long-temps aux besoins de la capitale ; mais, vers le milieu du XVIe siècle, les forêts voisines commencèrent à s’épuiser, et il devint à craindre que Paris ne manquât un jour de bois de chauffage. Les moins prévoyans ne doutaient pas qu’il ne fallût prochainement y faire arriver les bois des provinces éloignées ; et cette perspective était effrayante, car un long transport devait, selon toute apparence, élever le prix du Chauffage à des sommes exorbitantes. Si l’on eût demandé alors à la plupart de ceux qui ne sentent pas aujourd’hui tout ce qu’il y a d’heureux dans l’invention du flottage des bois, comment il a été possible de remédier au terrible inconvénient dont était menacée la capitale, ils eussent été bien embarrassés, et il est probable qu’ils eussent donné, comme unique ressource, l’accroissement et l’entretien des forêts voisines ; c’est en effet à ces moyens, longs, coûteux et pénibles, que se réduisit alors toute la prudence du gouvernement.

Paris était sur le point de devenir beaucoup moins habité, à cause de la cherté du bois, lorsqu’un bourgeois parisien, Jean Rouvet, imagina, en 1549, de rassembler les eaux de plusieurs ruisseaux et rivières non navigables, d’y jeter les bois coupés dans les forêts les plus éloignées, de les faire descendre ainsi jusqu’aux grandes rivières ; là, d’en former des trains, et de les amener à flot, et sans bateau, jusqu’à Paris.

C’est dans le Morvant que Jean Rouvet fit ses premiers essais, et qu’il abandonna avec confiance au courant des ruisseaux réunis de cette contrée une grande quantité de bois. Son projet, traité de folie avant l’exécution, et entravé, comme c’est la coutume, ne fut porté à la perfection, et ne reçut toute l’étendue dont il était susceptible, qu’en 1556, par René Arnoul.

Le bois flotté abandonne, par son long séjour dans l’eau, la sève et les sels qui le rendaient plus lourd. Après avoir subi une dessiccation plus ou moins longue dans le chantier, il donne beaucoup de flamme, et se débite principalement aux boulangers, aux rôtisseurs, aux pâtissiers, qui ont des fours à chauffer ; les bourgeois préfèrent le bois vert.




LA SEMAINE.

CALENDRIER HISTORIQUE.


Faits historiques et politiques. — Morts illustres. — Vaccine.

30 Mars 1282. — Vêpres siciliennes, ou massacre fait en Sicile, au son de la cloche des vêpres, de tous les Français