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MARINE. — No 2.


DÉTAILS DU NAVIRE. — LE LOCH.


Le brig ou brick est le plus grand des bâtimens à deux mâts. Il n’a jamais de batterie intérieure couverte comme la frégate et la corvette. Son artillerie est sur son pont supérieur : elle ne se compose généralement que de caronades, auxquelles on joint deux ou quatre canons. Il y a des bricks de guerre qui portent jusqu’à 20 caronades de 24 ; le commerce en construit qui peuvent recevoir jusqu’à 300 tonneaux de marchandises, Le brick qui est ici représenté, navigue grand largue, c’est-à-dire, que le vent lui vient presque de l’arrière, par la hanche de droite,

La hanche est la partie de la coque du vaisseau qui se trouve comprise entre l’arrière et les haubans du dernier mât.

On peut reconnaître facilement les trois focs qui partent du beaupré : celui du milieu est le grand-foc, l’intérieur est le petit foc, et le troisième est le clin-foc. Derrière le grand mât on remarque aussi une voile qu’on appelle la brigantine ; c’est elle qui a primitivement donné au brick le nom qu’il porte.


En examinant avec attention la gravure, et se rendant bien compte du côté d’où souffle le vent, on reconnaîtra que l’effort du vent sur la brigantine tend à faire tourner l’arrière du bâtiment vers la gauche du lecteur, et le beaupré vers la droite ; ce même effort sur les trois focs, au contraire, aurait pour résultat de rapprocher l’avant vers la gauche du lecteur, et d’éloigner l’arrière vers la droite : ces deux efforts se balancent et se détruisent ; le navire suit une ligne droite. Des effets analogues, quoique moins prononcés, se produiraient relativement aux voiles du mât de misaine et du grand mât. Un des mérites du constructeur de vaisseaux consiste à bien disposer la position de sa mâture et la grandeur des voiles, pour que l’équilibre puisse


(Brick naviguant grand largue et jetant le loch.)


facilement s’obtenir entre les forces qui tendraient à faire tourner le bâtiment dans des sens différens.

Le loch. — Supposons qu’un voyageur établi dans la rotonde d’une diligence voulût connaître le nombre de lieues qu’il fait par heure, il lui suffirait d’avoir une ficelle divisée en mètres, de la fixer à un morceau de bois, et de laisser tomber celui-ci sur la route. Comptant alors avec sa montre le nombre de mètres qui passent par la portière dans l’espace d’une minute, il n’aurait qu’à faire le calcul suivant : Puisqu’en une minute la diligence avance de 400 mètres (je suppose), dans une heure elle avancera de soixante fois davantage, c’est-à-dire de 6 000 mètres, ou d’une lieue et demie.

C’est par un procédé tout-à-fait semblable qu’on mesure à la mer la vitesse du navire : on appelle cela jeter le loch : seulement, au lieu d’une montre, on se sert d’un sablier (ou ampoulette) d’une demi-minute, et la ligne de loch est divisée par des nœuds qui comprennent 47 pieds et demi. S’il passe un nœud dans la main du matelot pendant la demi-minute, il passera par heure 420 nœuds, on 950 toises, ce qui est précisément la longueur du mille marin, tiers de la lieue marine de 2 850 toises.

Ainsi, autant le navire file de nœuds pendant que le sable tombe, autant il parcourt de milles marins : de là vient cette expression abrégée, connue de tout le monde : Nous filions six-nœuds, pour dire, nous parcourions par heure six milles, ou deux lieues.

Un navire qui file 6 nœuds, temps ordinaire, marche bien. Le vaisseau anglais le Talavera, qui aborda la frégate française la Calypso dans la dernière campagne, filait en ce moment 7 nœuds, suivant les journaux anglais : aussi fit-il une brèche énorme dans les flancs de la frégate. Dans les temps forcés, il y a des bâtimens qui filent 12 et 14 nœuds, plus de 4 lieues marines à l’heure.

Pour que la mesure du loch soit exacte, il faut que la pièce de bois à laquelle est attachée l’extrémité de la ligne soit fixe sur la mer. Afin d’obtenir cet effet, on attache la ligne à un petit triangle appelé bateau de loch, fait en bois, de 7 à 8 pouces de base ; cette base est garnie d’une bande de plomb, calculée pour tenir le triangle noyé dans la mer, de manière à ce que le vent n’ait pas prise sur lui, et qu’il ne coule pas entre deux eaux.

On ne commence à compter les nœuds qu’à partir d’un petit morceau d’étoffe passé dans les torons de la ligne, et qui est à une distance du bateau de loch égale à la longueur du navire. On suppose que lorsque le bateau de loch est éloigné de cette longueur, il est hors de l’influence du petit tourbillon ou remous produit à la suite du bâtiment.

L’expérience a montré que le bateau de loch ne reste pas stationnaire, et que le frottement de la ligne, en se déroulant, suffit pour le rapprocher un peu du bâtiment, on corrige l’erreur qui en résulterait en mettant seulement 46 pieds et demi de distance entre les nœuds, au lieu de 47 pieds et demi, qui est le nombre rigoureux.



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