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sortes d’accidents n’arrivent qu’une fois sur une distance de 150 000 lieues. Ainsi, ils font un trajet équivalent à quinze fois le tour de la terre avant de verser, et une personne qui part pour Bayonne peut parier 650 francs contre 1 franc qu’elle n’éprouvera pas cet accident. En 1775, il fallait vingt jours ou 480 heures pour aller de Paris à Bayonne ; actuellement on franchit ce trajet en moins de 87 heures. La nourriture et le coucher revenaient à 80 francs ; aujourd’hui on ne couche plus, et le prix de la nourriture est au-dessous de vingt francs.

Ainsi les progrès de l’industrie, offrant à l’homme plus de jouissances, plus de facilité pour satisfaire ses désirs ou ses intérêts, lui permettent néanmoins d’économiser son argent, et surtout son temps, le plus précieux de nos capitaux, puisque c’est celui dont notre vie est faite, et le seul qu’il ne nous soit pas permis d’augmenter.





DÉPOPULATION DES BÊTES FÉROCES.

COMBATS D’ANIMAUX À ROME.

Les animaux les plus terribles, comme les lions, les ours, les hyènes, les tigres, les panthères, les éléphans, les rhinocéros, etc., peuplaient en foule les continens, à une époque qui ne remonte pas au-delà de trois mille ans ; l’homme par son adresse, a su les rendre de plus en plus rares, et les reléguer dans les lieux déserts. Quant aux habitans des mers dangereux pour l’homme, il les a forcés aussi, mais dans les temps modernes seulement, de se réfugier dans des parages qu’il ne visite que rarement. C’est ainsi que les baleines ont quitté le golfe de Gascogne, où les anciens pêcheurs basques les trouvaient en si grande quantité que les clôtures de leurs champs étaient faites avec les débris de ces animaux.

La fureur de la chasse, commune à tous les peuples, n’a pas été la seule cause de la destruction des races nuisibles ; le goût passionné des anciens Romains pour les combats d’animaux féroces contribua aussi énergiquement à dépeupler les forêts et les déserts. Le nombre des animaux tués à Rome, soit dans les fêtes publiques, soit dans le Cirque, est prodigieux.

C’est ainsi qu’après la conquête de la Macédoine, Métellus amena à Rome environ cent cinquante éléphans, qui furent tués à coups de flèches dans le Cirque, où on les avait fait combattre.

Ptolémée, dans la fête qu’il donna en l’honneur de son père Ptolemée-Soter, et dans laquelle il simula le triomphe de Bacchus, fit voir des éléphans, des cerfs, des bubales, des antruches, des orix, des chameaux, des brebis d’Éthiopie, des cerfs blancs de l’Inde, des léopards, des panthères, des onces, des ours blancs, et enfin un nombre considérable de lions de la plus grande taille.

Ce genre de spectacle qui, primitivement, avait un but politique, devint plus tard l’objet d’un luxe incroyable de la part des grands.

Pompée, lors de l’inauguration de son théâtre, après avoir montré au peuple un grand nombre d’animaux divers, lui présenta, en outre, quatre cent dix panthères, et six cents lions, parmi lesquels il s’en trouvait trois cent quinze à crinière. Les Romains parvinrent même à captiver ces animaux, et Antoine parcourut les rues de la capitale du monde avec des lions attachés à son char. César, non moins magnifique, montra au peuple jusqu’à quatre cents lions à crinière ; ayant réuni plus de quarante éléphans, il les fit combattre contre cinq cents fantassins, ensuite contre cinq cents cavaliers (ceci s’appelait à Rome la chasse amphithéâtrale) ; en sortant de cette fête, d’autres éléphans le ramenèrent chez lui, à la clarté des torches et des flambeaux disposés sur leurs larges flancs.

Les animaux aquatiques ne furent pas plus que les espèces terrestres à l’abri de la fureur que les Romains avaient pour les spectacles. Trente-six crocodiles étalés aux regards d’un peuple curieux, dans le Cirque de Flaminius, furent déchirés et mis en pièces, après avoir combattu les uns contre les autres.

Au rapport des historiens, Titus fit périr aux yeux des Romains neuf mille animaux différens ; Trajan onze mille dans les jeux qu’il donna après la victoire remportée sur les Parthes. Probus fut celui des empereurs romains qui parvint à rassembler aux yeux du peuple le plus grand nombre d’animaux divers. Ainsi on le vit planter une forêt dans le Cirque pour la fête qu’il y donna, et il fit courir, le jour de cette fêle, jusqu’à mille autruches, et une quantité innombrable d’animaux de tous les pays.

Ce » spectacles continuèrent sans inleixuption jusqu’à la destruition de l’empire d’Occident : les défenses de l’empereur Conslanlin ne purent y mettre un terme.

II est facile de comprendre que tout ce carnage dut singulièrement diminuer le nombre des animaux féroces el leur faire rechercher les retraites éloignées des habitations.

Lorsque les peuplades du nord eurent envahi toute l’Europe, et que le thrisliauisnie les eut civilLsées, les villes se nmltipllèreut, un grand nombre de forêts furent abaltues, et les coniineus se trouvèrent ainsi à peu près delarrassés de ces hôtes dangereux.

Aujourd’hui, les pays civilisés recèlent bien quelques bêles sauvages, comme des ours, des loups, des liyènes ; mais ces animaux redoutent la présence de l’homme ; ils se cachent dans les cavernes des montagnes, ou dans la partie la plus épaisse lies forêts. Ce qui ne les empêche pas d’être souvent les victimes du pieu, du poignard, ou de l’arme à feu.

USAGES POPULAIRES EN FRANCE.

FÊTES ET CÉRKMOXIES.

Processions de la ville de Douai (Nord). — Le géant (jayant et sa famille.

En 1479. la guerre se poursuivait entre le roi de France et rarchiduc Maxiinilien, époux de Marie de Bourgogne, comtesse de Flandre. Les Français voulaient surprendre la ville de Douai ; ils se cachèrent dans les Avêties. près la porte d’.Anas ; et le matin du seizième jour de juin étant venu, ils firent conduiie près de celte porte un cheval et une jument, espérant s’introduire dans la place au moment où la garde sans défiance ouvrirait le passage.

Ce projet fut déconcerté, et IfS Français se retirèrent. Afin de consacrer la mémoire de cet événement, le conseil de la ville, le clergé et les notables résolurent, en 1480. qu’il serait fait chaque aimée, le 6 juin, une procession générale en l’honneur de Dieu, de toute la cour céleste, et de M. saint Maurand.

Peu à peu on %it s’introduire dans ces processions des figures grotesques ou ridicules, entre autres le célèbre géant Gavant, Cagenon, saint Micliel et son dfable, etc. A ce sujet, l’évêque d’AiTas adressa, en 169V, des représentalions aux écbevins de la ville. Ceux-ci consentirent à la suppression de la figure du diable de saint Michel ; mais les abus auxquels donnait lieu la procession ne cessant point encore, cette cérémonie fut abolie par mandement de 177<, afirès des contestations infinies entre l’autorité civile et religieuse.

Vers le même temps, et afin de célébrer le retour de la ville à l’obéissance de Louis’XÏV, on in » tltua une autre piocesslo :

! générale ; par lettres closes de juin 1771. le roi enjoignit 

aux autorités d’y Ksslster ; depuis relie époque, e