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J’ai su depuis que cet original de premier ordre était le baron de Reinsberg. Comme le fameux baron Grothus, il voyageait continuellement à pied et passait sa vie à faire la chasse aux belles perspectives avec une sorte de fureur. Arrivait-il dans une campagne où, pour se procurer un point de vue pittoresque, il fallait abaisser une colline, abattre une forêt, démolir des maisons, il ne s’effrayait d’aucune dépense, d’aucun obstacle, et employait aussitôt son or et son éloquence à faire servir à ses projets les propriétaires et les ouvriers maçons, bûcherons, mineurs ou autres. On raconte qu’une fois il s’était mis en tête d’incendier une grande métairie du Tyrol, entièrement neuve ; on avait eu beaucoup de peine à l’en dissuader.

Jamais on ne l’avait vu traverser deux fois le même pays.

Hoffmann.




— Vous autres hommes, vous ne pouvez parler de rien sans décider aussitôt : Cela est fou, cela est censé, cela est bon, cela est mauvais. Et pourquoi ? Avez-vous cherché dans tous ses détails le vrai motif d’une action ? Savez-vous démêler avec précision les causes qui l’ont produite et qui la rendaient inévitable ? Si vous le saviez, vous ne seriez pas si prompts à juger.

Goethe, Werther.




SOUVERAINETÉS PRINCIPALES

DE L’ASIE ET DE L’AFRIQUE.


L’Orient et l’Europe ne pouvant plus être indifférens l’un à l’autre, nous pensons qu’on lira avec intérêt la liste suivante des principaux souverains actuels de ces deux grandes parties du monde ; elle est extraite de la notice publiée en 1835 par la Société asiatique de Paris.

EMPIRE OTTOMAN. — Sultan Mahmoud II (surnommé Adli, le Juste), fils du sultan Abd’oulhamid, né le 20 juillet 1785, et proclamé à la place de son frère Moustafa IV, qui fut détrôné le 28 juillet 1808. — Égypte : Mohammed-Aly, né à Cavala en Romélie, en 1769 (1182 de l’hégire), fils d’Ibrahim-Agha ; proclamé pacha le 14 mai 1803, à la place de Khorschid-pacha ; confirmé par le sultan Sélim III, le 1er avril 1806.

VASSAUX DE L’EMPIRE OTTOMAN. — Tripoli : Sidi Yousouf Karamanli, pacha. — Tunis : Sidi Hasan, bey. — Le schérif de la Mekke : Yahya, fils de Sourour. — L’imam de l’Yémen qui réside à Sanaa. — Roi de Sennaar : Bady VII, fils de Tabl, vingt-neuvième roi de la race des Foundjis, tribu partie de l’intérieur de l’Afrique, et qui vint s’établir à Sennaar vers la fin du xve siècle. En juin 1821, Ismaïl, fils du pacha d’Égypte, le contraint de reconnaître la suprématie du sultan Mahmoud.

EMPIRE DE MAROC. — Mouley-abd-errahman, sultan, fils aîné de Mouley-Hescham, succède à son oncle Mouley-Souleïman, le 28 novembre 1822.

ROYAUME D’ABYSSINIE. — Itsa Takley Gorges succède avant 1817 à Itsa Guarlou, de la race de Salomon, fils de David, dynastie qui règne sans interruption depuis l’an 1268 de notre ère, et qui réside à Gondar : il jouit de beaucoup de considération, mais n’a aucun pouvoir, et ne possède en revenus que ce que les gouverneurs indépendans des provinces veulent bien lui accorder.

PERSE. — Feth-ali-Chah, né en 1768 ; succède à son oncle Agha Mohammed Khan, fondateur de la dynastie ; Abbas-Mirza, héritier présomptif de la couronne, est né en 1785. Ce prince, qui règne depuis trente-six ans, a beaucoup emprunté à la civilisation européenne pour l’administration de ses états.

ASSAM. — Ce pays contient le bassin du Brahma-poutra. Le titre royal est svarga-radja (monarque céleste), parce que la dynastie prétend descendre de deux frères, Khunlal et Khuntai, qui, avec le dieu Chang, vinrent des contrées du nord s’établir dans ce pays. Les Anglais s’en sont emparés en 1825.

ÉTATS AU-DELÀ DU GANGE. — Empire Birman : population âmes. Depuis la paix de Yandabou (le 25 février 1826), ce royaume ne se compose plus que d’Ava et de Pégu. Cent vingt-huit monarques ont régné depuis le coimmencement de la monarchie. On ignore le nom du roi actuel. — Siam : Ce pays comprend le bassin du fleuve Ménam. Kroma-Mon-Tchit, âgé de quarante-neuf ans, est maintenant sur le trône ; il a fait prisonnier et fait exécuter le roi de Laos et sa famille en 1829. — Cochinchine : État tributaire de l’empire chinois. Ming-ming (destin illustre) est le titre des années du monarque. — Java : 4 660 000 habitans. Le sultan réside à Yugya-Karta. Mangko-Bouvana-Sepou, couronné par les Hollandais en 1826, est mort le 2 janvier 1828 ; le jeune sultan est sous la tutelle de Pandjerang-Mangko-Kotoumo.

CHINE. — Le nom de la dynastie régnante, d’origine mandchoue, est Tai-tsing (la très pure). En Chine, on ne connaît pas le nom de l’empereur régnant ; celui qui occupe actuellement le trône est le fils aîné de son prédécesseur, mort le 2 septembre 1820, et il portait auparavant le nom de Mian-Ming. Il donna à son père le titre posthume de Jintsoung-joui-hoang-ti, c’est-à-dire, l’auguste et sage empereur, le compatissant prédécesseur. Il est âgé maintenant de quarante-huit ans.

JAPON. — Le Daïri (empereur) actuel est le 121e successeur de Zinmou ; il règne depuis 1817 ; le public ignore son nom durant sa vie. Sa résidence est Miyako ou Kio (ces deux noms signifient résidence). Le Kou bó ou Seogoun est le chef militaire généralissime de l’empire : il réside à Yédo ; c’est, par le fait, lui qui règne ; cependant il affecte toujours une espèce de dépendance du Daïri, descendant de l’antique dynastie japonaise qui a commencé par Zinmou, 660 ans avant notre ère. Le mot Daïri (en chinois Naï li) signifie proprement l’intérieur (du palais impérial). On s’en sert pour désigner l’empereur, puisqu’il n’est pas permis de proférer son nom pendant qu’il est en vie. La même chose a lieu à l’égard du Seogoun et du prince son successeur.




MOLIÈRE.


SON PORTRAIT. — SOUVENIRS DE SA VIE ET DE SES ŒUVRES. — MAISONS QU’IL A HABITÉES. — SON TOMBEAU.

Le portrait de Molière que nous donnons est une esquisse fidèle du tableau original peint par Mignard, et possédé aujourd’hui par M. Alexandre Lenoir, ancien conservateur du Musée des Petits-Augustins.

La ressemblance de notre premier poète comique paraîtra parfaite, si l’on croit le témoignage des contemporains. « Molière, a dit un rédacteur du Mercure de France, n’était ni trop gras ni trop maigre ; il avait l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvemens qu’il leur donnait lui rendaient la physionomie extrêmement comique. »

L’altitude de sa tête et l’expression générale de sa figure sont d’ailleurs entièrement d’accord avec ce que l’on rapporte de son caractère et avec l’histoire des évènemens de sa vie.

On ne s’étonne point de la préoccupation triste et rêveuse répandue sur ses traits, lorsqu’on se rappelle qu’il lui fallut, comme Shakspeare, affronter l’opposition de sa famille, et changer son véritable nom de Poquelin pour suivre sa vocation ; lorsqu’on songe que ni l’admiration ni la protection de Louis XIV, ni l’amitié des deux Corneille, de La Fontaine, de Boileau, de Racine et de La Chapelle, n’ont pu le soustraire aux jalouses persécutions des Boursaut, des Colin,