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où l’imagination des anciens plaçait l’enfer mythologique.

La grotte est une grande route taillée de temps immémorial dans le tuf volcanique. Le célèbre géographe et historien grec, Strabon, mort sous Tibère, vers l’an 25 de l’ère chrétienne, et Sénèque le philosophe, mort vers l’an 65 sous Néron, en parlent dans leurs écrits. Elle a environ un mille


(Grotte de Pausylippe.)


de longueur, 28 pieds de large, et, suivant les endroits que l’on mesure, de 30 à 80 pieds de hauteur. Trois voitures peuvent y passer de front. Des dalles de lave en forment le pavé. Elle conduit de Naples aux viles de Pazzuoli, Baïa, Cumes et autres.

Pendant la nuit, des lampes suspendues de distance en distance à son plafond grossièrement taillé, répandent une assez grande clarté. Mais dans le jour la lumière y pénètre à peine. Deux fois l’an seulement, aux mois de février et d’octobre, les derniers rayons du soleil la traversent tout entière. Le reste de l’année, c’est un spectacle étrange de voir au milieu d’une obscurité faiblement transparente, l’agitation qui règne sans cesse dans cette longue galerie ; on ne saurait, sans éprouver d’abord quelque effroi, entendre ensemble les roulemens des voitures de toute sorte, venant de côtés opposés, le trot et le hennissement des chevaux, les troupeaux bélans on mugissans, les voix, les cris des passans et des voyageurs, tous ces cris confondus, rebondissant sur la voûte, et se multipliant en échos dans les enfoncemens qui s’ouvrent de distance en distance des deux côtés et fuient sous le promontoire.

À l’entrée de la grotte, en venant de la ville, se trouve une tombe romaine creusée dans le roc ; c’est celle de Virgile. On a voulu contester l’authenticité de ce monument, mais les indications précises données par les anciens auteurs, des témoignages qui forment une chaîne presque non interrompue depuis la mort de l’illustre poète jusqu’à nos jours, ne permettent guère de conserver de doute à cet égard.

Beaucoup de faits historiques qui sont regardés comme certains, sont loin d’être entourés d’autant de preuves.

Autrefois, un laurier fleurissait sur cette tombe. Il n’existe plus : mais le peuple, en passant, se signe et s’agenouille comme devant les restes de quelque saint inconnu ; les étrangers s’arrêtent devant la pierre pour y graver leurs noms ou pour rêver au génie dont elle consacre la mémoire.




ÉVALUATIONS DES VOLS COMMIS À LONDRES EN 1851.


1o Par les domestiques 17, 755, 000 fr.
2o Sur la Tamise et sur les quais 12, 500, 000
3o Dans les docks et sur la voie publique 13, 000, 000
4o Par la fausse monnaie 5, 000, 000
5o Par les faux billets de banque 4, 250, 000
Total 52, 000, 000


Londres étant habité par 1 200 000 personnes, sans compter celles dont nous allons parler, c’est un impôt de 43 f. 75 c. par tête que prélève chaque année la misère ou le crime sur l’opulence ou sur le commerce.

Ce tableau, emprunté à la Revue britannique, qui le donne comme dressé d’après les ordres du lord-maire, paraît exagéré au premier abord ; mais, quand on apprend qu’à la même époque il se trouvait dans cette ville 20 000 personnes sans moyens d’existence, 20 000 voleurs, escros, filous ou résurrecteurs, 16 600 mendians, et 8 000 individus reçus dans les salles de la Société d’asile ; quand on se rappelle que Londres est la capitale d’un royaume dévoré par le paupérisme, où les propriétés territoriales sont accumulées dans un petit nombre de familles par les substitutions et par les majorats, où les douanes maintiennent les grains à un taux élevé, où l’opposition continuelle du luxe et de la misère fait naître des tentations sans cesse renaissantes, on ne sait ce qui doit le plus étonner, la grandeur du mal ou la difficulté que le gouvernement semble trouver pour y porter remède.




SAINTE MADELEINE.


Cette figure, qu’on trouve reproduite avec de légers changemens dans plusieurs cathédrales de l’Europe, et notamment dans celle de Rouen, a été le sujet de beaucoup de commentaires. Plusieurs auteurs de légendes, chroniqueurs on artistes, ont agité entre eux la question de savoir si les sculpteurs du moyen âge avaient voulu représenter, soit la Vierge Marie, soit telle ou telle sainte.

Il nous paraît démontré que la retraite de la Madeleine dans le rocher de la Sainte-Beaume, en Provence, a fourni le sujet de cette œuvre, dont le caractère est empreint d’une délicatesse si mystérieuse.

Nous pouvons en donner pour preuves, entre autres citations, les deux extraits suivans :

Pétrarque a dit en vers latins :

« Volontairement renfermée dans une grotte, elle y passa trois fois dix hivers, n’ayant d’autres vêtemens que sa longue chevelure. Là, loin de la vue des hommes, entourée d’une troupe