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monseigneur le Duc qu’il prenoit les armes, parce qu’elles estoient prises en Poitou, et luy conseillant de se retirer à Mantes pour aussy les prendre. Ceste nouvelle fut trouvée crue, d’autant qu’il sembloit que le dit sieur de Guitry eut bien peu attendre une responce de monseigneur le Duc, premier que prendre les armes. Sur ce touteffois fut prise résolution, telle qu’on peut en ceste précipitation, que monseigneur le Duc, le Roy de Navarre, monseigneur le Prince et autres Seigneurs prendroient leur chemin à Mantes, sortans de la court en un matin, une trompe au col en fasson de chasseurs, monsieur du Plessis les conduisant, lesquelz sans doute eussent trouvé la porte ouverte estant ville de l’apanage de mon dit seigneur le Duc, et y estant en guarnison la compaignie de feu monsieur le Duc de Montmorency, commandée par monsr de Buhy, frère de monsieur du Plessis. Mais comme il pensoit dormir deux heures pendant qu’ilz se prépareroient à partir, ceste résolution fust changée à son grant regret, et non sans protester, quand on luy en déclara le changement, que c’estoit l’emprisonnement ou arrest certain d’eux tous, comme il s’en suivit. Ilz mandèrent dong par luy à monsr de Buhy son frère qu’il tînt la porte de Mantes ouverte au sieur de Guitry, et au dist sieur de Guistry qu’il s’y ascheminast avec ses troupes qu’il espéroit estre de troys cens gentilzhommes et quelques gens de pied, et que la ville prinse, ilz s’y en iroient, sans considérer qu’il ne pouvoit s’avancer avec trouppes sans que l’alarme en vinst à la court qui lors se retireroit à Paris et se saisiroit de leurs personnes pieça suspectes. Monsieur de Buhy dong