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pondre au lieutenant civil Miron qui s’estoit voulu rendre agréable par là, fut mandé qu’il ne décernast rien contre moy ; et pour les prisonniers, la femme fut condamnée à l’amende, l’homme à un bannissement qui luy fust prononcé entre les dents, mais en mesme heure tout haut qu’il se retirast en sa maison. Et quant aux livres, on tient qu’ils furent secrètement bruslez.

N’est à croire cependant combien diversement le Roy parloit de monsieur du Plessis selon les personnes ; aux catholiques Romains, avec démonstration de haine et menace de le ruiner sans espoir de jamais rentrer en sa grâce ; à ceux de la Religion avec plainte de ce qu’il l’avoit offensé en ce discours, reconnoissant néantmoins qu’il l’avoit très bien servy, mais qu’il luy ostoit tout moien de rien faire pour luy, par s’estre rendu sy odieux au monde ; à quelques ungz qu’il tenoit pour vrayement zéléz à la vraye Religion et ses confidens amys, qu’on luy devroit conseiller de revoir son livre exactement et le rendre à toute preuve afin qu’il peust un jour servir pour la réformation de l’Eglize. Enquerrant particulièrement un député de l’Eglize de Guyenne quel jugement on avoit faict de son comportement au faict de Fontainebleau, luy dit que les catholiques avoient de là pris asseurance qu’il estoit tout à eux, ceux de la Religion au contrante qu’il ne retenoit plus rien de sa première profession ; et monstra y prendre un singulier plaisir, adjoustant que ceste opinion des catholiques à la vérité le faisoit plus seurement et absolument régner. En toutes ses façons tesmoignant que hayne ny offense