Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont M. de Loménie[1], secrétaire du cabinet, ne se peut tenir de luy dire que la veille de Coutras, d’Arqués et d’Ivry, il ne se monstroit pas estre en sy grand pêne, ce qu’il luy avoua ; tant désiroit S. M. faire ceste action au contentement du Pape auquel il en avoit donné advis et obtenu son consentement soubz l’asseurance qu’il en avoit donné. Ce qui parut aussy à toute sa contenance pendant la dite conférence, ainsy que mesmes il est remarqué par ce que les adversaires en ont escript.

N’est aussy à oublier que monsieur du Plessis estant à Fontainebleau en l’hôtel de Navarre, où estoit le train de M. le duc de Vendosme, son maistre d’hostel eut charge de veiller sy M. du Plessis s’en iroit, et ferma l’escurie à clef, craingnant qu’il ne se retirast, sur le refus des équitables conditions qu’il demandoit et la rigueur de celles qui luy estoient imposées.

Fut donq[2] tenüe le jeudy 4e May ceste conférence, et en fut l’yssüe telle qu’il se voit par le discours ; et le soir le Roy s’en glorifiant devant l’Evesque d’Evreux : « J’ay voulu, dit il, soupper en champ de bataille (scavoir en la sale du bourg où elle avoit esté tenüe), mais dites la vérité, M. d’Evreux, bon droict a eu bon besoing d’ayde. » Et de ce pas escrivit aussy S. M. à M. d’Espernon qui estoit à Paris la lettre dont la teneur en suit :

  1. Antoine de Loménie, né en 1560, ambassadeur du roi à Londres, puis secrétaire d’État, mourut en 1638.
  2. « Sur cinq mille passages allégués en ce livre accusés de faux, on en a choisi cinq cens, de cinq cens tiré soixante, et de ces soixante examiné neuf. » Lettre de M. du Plessis à Catherine de Bourbon, 18 juin 1600.