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miner, et pour lesquelles achever nous sommes sur le poinct de faire un tour ensemble à Paris, que Dieu veuille bénir. Particulièrement y eut monsieur du Plessis regret, parce qu’il avoit mis en avant la réduction des subsides de la rivière de Loire, pour rendre le commerce au peuple, lequel affaire il espère amener à bonne fin en ce voiage.

Le 29e Septembre retourna Brouard, nostre maistre d’hostel, que nous avions envoyé avec nostre filz, lequel nous rapporta de ses nouvelles, particulièrement comme il s’estoit trouvé au siège de Dorcum, avec le conte Guillaume de Nassau, qui auroit esté pris et le pays par ce moïen fort eslargy, où il auroit pieu à Dieu le nous préserver.

Le 6e du moys d’octobre, monsieur du Plessis prit la poste à Saumur pour s’en aller à Paris, me laissant résoleue de le suivre tost après avec nostre famille, nonobstant mon indisposition ordinaire. Mon filz et ma fille de la Verrie se retirèrent à leur mesnage pour pourvoir à leurs affaires, mesme à l’acquisition que ma fille avoit faicte de la terre de la Belotiere, des deniers que nous luy avions donnés en mariage et qu’elle avoit employés en ceste acquisition pour payer leurs créanciers. Ilz amenèrent leur petit filz avec eux, et laissèrent leur fille en nourrice près de Saumur, où je fus pour la voir avant de sortir du pays. Monsieiur du Plessis, arrivé qu’il fut à Paris, s’en alla trouver le Roy à Fontainebleau, au visage duquel il remarqua quelque froideur envers luy, laquelle il interpresta en desplaisir de ce qu’il ne pouvoit pas le luy faire tel qu’il souloit autreffois, pour n’offenser le party catholique. Résolu néantmoins de