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tieuses, et lors le Roy se mit entr’eux deux, se pourmenant et leur parlant de ses affaires.

Or à Angers, vers le mois d’Apvril, arriva milord Cecil[1] secrétaire d’Estat d’Angleterre, pour accrocher le traicté d’Hespagne. Aussy, messieurs de Nassau, admiral de Zéelande, et de Barneveld[2] advocat général de Hollande, de la part des Provinces Unies, à mesme fin. Et fut M. du Plessis de ceux qui furent commis par le Roy pour les ouyr et traicter avec eux. Mais les choses estoient trop avant pour les reculler ; et le Roy, désireux avec beaucoup de raison de composer et réintégrer son estât, vouloit la paix, nonobstant qu’on luy proposast une révolte prochaine en Artois et Hainault s’il poursuivoit sa pointe. Particulièrement messieurs les ambassadeurs des Estats vinrent exprès conférer à Saumur avec M. du Plessis sur l’ordre qu’ilz auroient à tenir parmy leurs peuples et en leurs affaires pour empescher que, se voyans par ce traité abandonnez de la France, ilz ne vinssent à s’esbouler en ruine, estans d’ailleurs très rézolus de n’entendre à aucune paix. Sur quoy monsieur du Plessis leur fit toutes les meilleures ouvertures qu’il peut, surtout qu’ilz ne rompissent aucunement avec la France, laquelle es-

  1. William Cécil, lord Burleigh, l’ami, le confident, le ministre de la reine d’Angleterre Elisabeth, auquel elle dut une si grande part de l’éclat de son règne, était né en 1520, et mourut cette même année 1598.
  2. Jean d’Olden, Barneveldt, grand pensionnaire de Hollande, né en 1549, savant magistrat, habile négociateur, politique profond, passionnément dévoué à l’indépendance de son pays, devint le chef du parti républicain contre l’influence croissante et l’ambition des Nassau, moins désintéressés que leur illustre chef, Guillaume le Taciturne. Il paya cette opposition de sa tête, en 1617.