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cus. Aucuns touteffois dient que M. du Plessis, pour la haine de la religion, ne devoit estre mené sy loin. L’agent du dit Perraudière fut exécuté à Angers, nommé Ponderue, ayant esté arresté sur une lettre qu’un laquais portoit de M. de Mercœur au dit Perraudière, lequel en eut le vent, et se retira à Tigny, puis à Rochefort, et de là en Bretagne. Monsieur du Plessis ne laissa avec plus de confiance à poursuivre son dessein, et mit es mains de M. de Pierrefitte, en qualité de mareschal de camp, les trouppes qu’il avoit recueillies pour en faire corps autour de Tigny, pendant qu’il mettoit la noblesse aux champs avec l’artillerie ; M. de la Rochepot avoit esté entretenu d’une capitulation par un nommé Malvoisine, jusqu’à estre icelle signée, par laquelle l’ennemy remettoit la place moyennant quelque argent, pour espargner le pays. Et quand il passa à Saumur, ne pensoit plus avoir besoin de siège ; ains en partoient en intention d’entrer par la ditte capitulation dans la place, et mener toute leur cavalerie avec une couleuvrine pour aller desfaires M. de Goulenes et les régimens François de M. de Mercœur qui estoient au pays de Mauges. Mais les dits ennemys s’en desdirent, et par ce moyen les obligèrent à ce siège par une façon inévitable ; lequel dura environ douze jours ; puis se rendirent à composition, à laquelle ilz furent receus, non tant qu’on craignist le secours de M. de Mercœur qu’à l’occasion de l’impatience des trouppes volontaires qui menaçoient à toute heure de retraicte. Il y avoit cinq pièces de baterie, et nonobstant à ce que chacun jugeoit, elle n’eust pas tant esté prise à coups de canon que par autre industrie ;