Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce qu’il luy avoit promis et avoit receu argent pour ce voyage. Quelques propos aussy s’estoient passez de luy avec S. M. à Fontainebleau, telz qu’ils n’estoient partis contens l’un de l’autre. Et là dessus, de mauvais espritz bastissoyent tellement que S. M. entra en quelque opinion qu’il voulust s’arrester à Paris pour y faire quelque nouveauté en son absence. S. M. donq commanda à M. du Plessis, estant à Monceaux, d’aller en poste à Paris, parler à tous ses plus confidens serviteurs, sonder discrètement le bien ou le mal qui y estoit, pour lui donner advis, dès la nuict, de ce qu’il y avoit à faire, mais qu’il ne le fist point rebrousser s’il n’estoit besoin ; monsieur du Plessis dès le soir lui depescha un courrier qu’après avoir pénétré ce qu’il avoit peu, il ne voioit point que ce mescontentement peust venir jusques à troubler Paris, parce que les parties nobles de la ville estoient saines et non susceptibles de mauvais conseil. Touteffois pour avoir l’esprit plus net en son voiage, il estoit d’advis que S. M. donnast légèrement un tour à Paris, soubz ombre de voir encore une fois madame sa sœur, et que par occasion elle y trouveroit le moien de contenter et guairir l’esprit de monseigneur le conte de Soissons, mesme de l’amener avec luy. S. M. donq partit dès le lendemain matin et se rendit au soir à Paris, et manda à M. du Plessis de luy venir au devant pour s’informer mieux de bouche. Monseigneur le conte de Soissons se fist prier d’aller trouver le Roy. Enfin, ilz s’enfermèrent en une chambre seulz pour s’entreesclarcir ; il y eut divers propos et doux et aigres, dont la fin fut que le dit seigneur conte iroit avec S. M., partiroit dans trois jours,