Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En octobre donq, retourna monsieur du Plessis en courtz, pour ne manquer au commandement de S. M. et spécialement à la négotiation des Députez, et passa jusques à Dieppe, où S. M. s’estoit acheminée, pour conserver le port de Fescamp, freschement réduit à son obéissance. Et sembloit bien qu’Elle y séjournast davantage pour esloigner l’audience des Députez jusques à ce qu’il y eust nouvelles de Rome, allégans plusieurs de son conseil qu’il estoit dangereux de donner nouveau prétexte à ceux de la Ligue et subject au Pape de s’aigrir en faisant quelque chose pour ceux de la Religion. Les instances touteffois d’iceux Députez, venus à son mandement de sy loin, en tel nombre, au travers de tant de dangers, depuis tant de mois, le firent condescendre à les ouyr ; ce qu’il fit à Mantes fort humainement en son cabinet, en plein conseil ; et fit la harangue au nom de tous, M. Feydeau, peu auparavant conseiller en la court de Parlement de Bordeaux, très bien digérée, pleine d’une liberté attrempée de respect, et prononcée avec beaucoup de dignité, en fin de laquelle il mit le cahyer de remonstrances de toutes les Eglizes du Royaume ès mains de S. M. qui le délivra à monsieur le Chancelier[1], lequel les députez avoient composé de tous les mémoires des Provinces en plusieurs sessions que pour cest effect ilz avoient tenues pendant leur séjour de Mantes. Fut mis en doute pendant plusieurs jours sy S. M. y devoit respondre ou non ; délibéré mesmes de les renvoyer avec honnestes propos, en les assurant que, dans

  1. M. de Cheverny.