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luy signèrent, qu’attendant l’assemblée que S. M. convoquoit à deux mois de là, il ne seroit rien traicté, faict, ny souffert par eux à leur dommage ; et d’abondant ordonna S. M. que les principaux de la Religion en chacune province seroient mandez, pour se trouver vers elle, tant gentilzhommes que officiers de la justice et ministres, par lettres de S. M. particulières à chacun d’eux qu’elle scavoit bien nommer, pour les rendre et par leur moien, les peuples, capables de son intention.

Aucuns creurent qu’on les mandoit, nomméement les ministres, pour une conférence théologale, moyennant laquelle S. M. se voulust résoudre au faict de la religion. Mais la résolution en estoit prise sur les considérations humaines, sans consulter les Escritures divines, et les Evesques[1] n’y furent appelez que pour donner quelque forme et cérémonie à ceste prestendue conversion. Comme de faict, un des plus grandz, escrivant à l’Evesque de Chartres pour le convier à venir, lui mandoit qu’il ne se mist en pene de théologie. Et le Roy mesmes, lorsqu’ilz vinrent à l’instruire, leur déclara qu’il n’avoit besoing de grand instruction, estant résolu de ce qu’il avoit à faire. Touteffois, il ne laissa de leur mouvoir des questions sur lesquelles on le satisffaisoit peu, ne le payant que masque de l’Eglize romaine, tellement qu’il ne voulut signer une profession de foy en laquelle les abuz de la Papauté estoient spécifiez, mais une seulement en gros qui les enveloppoit soubs le nom d’ordonnances de l’Eglize.

  1. Convoqués pour le 15 juillet à Mantes.