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mettre d’y aller. Toutesfois, il y fut des premiers, y mena deux canons, soixante gentilzhommes, la pluspart catholiques Romains, partie de la garnison de Saumur, et y fournit dix milliers de poudre. Ceux qui avoient promis de grandz forces en amenèrent peu ; qui devoient y estre les premiers n’y furent qu’un mois après les autres. Cela rasseura les ennemys, leur donna loisir de se fortifier, consuma la vigueur des assiégeans, donna temps à M. de Mercœur de prendre Quintin et la Tour de Saissons, et puis s’en revenir avec toute son armée pour les secourir, mesmes aux eaux de croistre et enfler les bras qui font les isles de Rochefort, de sorte que les tranchées et corps de garde des assiégeans ne se pouvoient plus entresecourir. Mais ce qui fut le comble, il avoit esté résolu par M. le mareschal, après une connoissance et reconnoissance de la place, avec les sieurs du Plessis, de Montmartin, de Puychairie, de Pierrefite etc., de battre la place par le costé appelé de St Simphorian en baterie et du haut du chasteau de Gueuzy en courtine, et y avoit onze pièces de baterie suffisantes pour faire l’un et l’autre. Or tout à coup monsr le mareschal changea cest advis avec les sieurs de St Luc et de Laverdin, pour battre une tour assise sur un roc inaccessible, de 40 piedz de haut à pied droit, de laquelle la ruine ne pouvoit faire chemin, où toutes les munitions se consommèrent comme de gayeté de cœur. Bien voulut on sur la fin revenir au premier conseil, mais lorsqu’il n’y avoit plus que 700 coups de canon à tirer (en ayant jà perdu 2500), et connut on touteffois, par l’effect que 300 y firent, que qui eust faict son effort par là,