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Plessis et de Puychairie se feroit encore mieux quand ilz seroient tous ensemble, et ne consideroit pas que l’unique raison qui les enhardissoit à l’entreprendre estoit que luy, attaquant Laval ou Chasteau Gonthier, c’est-à-dire la frontière de Bretagne, appelleroit de ce costé là le duc de Merceur qui, par ce moien, ne pourroit secourir Rochefort. D’abordée aussy, à l’instigation du sr de Puychairie, fut mis en avant par le dit sr mareschal, sous le nom de ceux d’Angers, qu’ilz ne bailleroient point leur argent qu’à condition que Rochefort, se prenant, seroit razé tout à l’heure, ce qui estoit dur au propriétaire et de conséquence à tous ceux de la Religion en haine de laquelle ceste démolition c’estoit poursuivie. Et M. de la Trémouille allégua dessus que ceste mesme obstination avoit faict perdre son chasteau de Craon, parceque par la prise il y devoit rentrer et qu’on avoit mieux aymé y ruiner l’armée. Fut enfin convenu que la place, venant à estre prise, seroit mise ès mains du sr de Puychairie qui la bailleroit en garde au sr de la Bastide, gouverneur du Pont de Scé, jusques à ce que S. M. en eust ordonné. Cas que S. M. voulust qu’elle fust conservée, qu’aussitost elle seroit livrée à M. de la Trémouille. Cas que S. M. commandast qu’elle fust razée, qu’il seroit baillé 15000 l. à M. de la Trémouille pour le desdommager. Ainsy en se séparant fut conclu de l’investir, ce qui fut faict peu de jours après. Et dura ce siége près de deux mois, qui, au jugement de tous les gens de guerre, pouvoit estre heureusement finy en très peu de jours. Monsieur du Plessis, occupé en d’autres affaires pour le service de S. M., ne voulut pro-