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pre chef ; mais bien en pourroyent ilz estre propres instrumens pour la bonne affection qu’ilz y apporteroient, s’ilz estoient aucthorizés, luy du Roy, comme il garantissoit de l’estre à toutes heures, et monsr de Villeroy de monsr de Maine, l’adjurant par sa prudence de ne se jetter en ce traicté s’il n’y voyoit clair, au mauvais succez duquel il ne pouvoit acquérir que du blasme et du desplaisir. Le dit sr de Villeroy trouva qu’il avoit raison et voulut estre esclarcy en quelle façon il entendoit qu’il se fist autoriser parce que la chose devoit estre tenue secrette. Respondit qu’il ne s’arrêtoit pas à grands formalitez, qu’il considéroit bien que le party de monsieur de Maine, peut estre sa maison mesmes, estoit bigarrée, les uns désirant, les autres abhorrans la paix, selon que les uns retenoient encor du François, les autres s’estoient donnés à l’Hespagnol, ou avoient plus d’intérest à la paix qu’à la guerre ; qu’il ne demandoit donc ni sceau ni contresigne, mais que monsr de Maine se pouvoit fier à soy mesmes, duquel il luy suffiroit de voir une lettre de sa main escrite au dit sr de Villeroy, par laquelle il le priast et chargeast de travailler avec luy, et ainsi conséquemment des autres Princes et grandz qui voudroient entrer en ce traicté. C’estoit pour ne s’aheurter du commencement à difficultez vaines, et se firent là dessus quelques allées et venues, dont réussit que le dit sieur Duc envoya la ditte lettre au sr de Villeroy qui se rapportoit à une plus ample du Président[1] Jeannin,

  1. Le président Jeannin (Pierre), né en 1540, diplomate habile, d’abord passionnément ligueur, puis plus tard fidèle serviteur de Henri IV. Il mourut en 1622.