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MÉMOIRES

ses parents trouvèrent à propos et fut effectué depuis. Aussy fut dès lors par luy proposé de demander tuteurs à la court de Parlement pour le dit seigneur Prince en bas aâge, voie propre pour le faire reconnoistre sans engager le Roy en ceste querelle, parce que, luy donnant tuteur, ilz le reconnoistroient pour Prince, et pour premier Prince, parce que son degré n’estoit en controverse, et s’il y présentoit opposition, c’estoit ung subject pour la vuider.

Revenant à son voyage de Mantes, monsieur de Buhy son frère et luy confirmèrent leurs partages faictz du vivant de feu madamoiselle de Buhy leur mère, et vuydèrent amicablement quelques petitz différentz procédans de son testament ; mais à l’ombre de cela, se mit sus un affaire de plus longue alène, car tout incontinent monsieur de Fleury beau frère de monsieur de Villeroy, vint trouver monsieur du Plessis, l’exhortant de donner lieu audit sieur de Villeroy pour le venir voir et conférer ensemble des moïens d’une paix. Sa responce fut que la paix estoit chose tant désirée de tous les bons et de tant de peuple qui souffroit, que volontiers il ne s’ingéreroit pas d’en traicter s’il n’y voyoit clair, mesme veu les choses passées, qu’il n’y avoit aucun les voyant ensemble, quand ilz ne parleroient que de la chasse, qui ne les jugeast assemblés pour la paix. Cependant, s’il n’en réussissoit rien, qu’ilz n’avoient faute de mésdisans pour leur en donner la coulpe, à luy singulièrement en haine de la Religion afin de le charger de la malédiction du peuple ; au reste, qu’ilz ne pouvoient ny l’un, ny l’autre rien produire qui eust vie en cest affaire n’en parlans que de leur pro-