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MÉMOIRES

qu’Elle avoit prétendu en faveur de ceux de la Religion n’estoit point encor vérifié en ses Parlemens, sauf en celui de Tours, où on l’avoit rendu inutile par une restriction par laquelle on prétendoit les exclure de toutes charges et dignités, contre la teneur des Edictz précédens et l’intention manifeste de celuy cy qui n’estoit faict que pour les remettre sus. Sur quoy, il eust de grandes contestations au conseil, monseigneur le cardinal de Bourbon prenant la parole contre luy et protestant qu’il ne seroit jamais souffert qu’ilz y participassent. Respondant au contraire monsieur du Plessis, avec le respect qu’il luy devoit, qu’estans chrestiens et bons François comme ilz estoient, ilz ne pouvoient estre rejettés comme juifs ou estrangers, et ne le pouvoient estre que pour la mesme cause pour laquelle ceux de la Ligue vouloient exclurre le Roy de la couronne. Enfin Sa Majesté se résolut de déclarer de vive voix, aux premiers présidens de ses courtz souveraines de Paris et Rouen, les sieurs de Harlay et de la Court, et aux députés des dittes courtz qui les accompagnoient, sa volonté là dessus, à scavoir qu’ilz passassent outre sans acception de religion ; et pour le regard des inexécutions ou inobservations de l’édict, accorda qu’il seroit envoyé commissaires de qualité, à scavoir les sieurs d’Emery et du Fay, conseillers d’Estat, pour les Parlemens de Paris et Bordeaux et les sieurs de Montlouet et président de Villerez pour ceux de Rouen et de Rennes, ce qui fut intermis par le retour du Duc de Parme qui occupa un chacun en autres charges.

Obtindrent aussy monsieur le Duc de Bouillon et