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Turenne, maintenant, par le mariage de l’héritière, duc de Bouillon, les deniers qui estoient entre ses mains, provenans de la commission[1] sus mentionnée et destinez à leur payement, fussent divertis à autres usages non sy nécessaires, partie pour la nécessité ordinaire qui estoit près de S. M. qui faisoit tousjours courre au plus pressé, partie par la malice d’aucuns assés reconnue qui, en dissipant ces deniers, prétendoient dissiper l’armée de laquelle ilz craignoient que le Roy ne se servist pour l’accroissement de la Religion, estant icelle commandée par le Prince d’Anhalt, prince religieux, fomentée du duc de Saxe[2] et composée pour la plus part de personnes de mesme profession. Il arriva donq à Dernetal, le 28e de novembre, ayant pris son chemin par le Mans et la Normandie ; le siége estant commencé y avoit environ huit jours, là où il trouva la ditte armée remise sur sa venue, et à trois jours près de se déffaire, pour les longs délais où on l’avoit entretenue, et enfin dégoustée, mais qui fut remise en volonté par l’arrivée de ces deniers et par le traicté que monsieur du Plessis eut charge du Roy de faire avec le dit seigneur Prince d’Anhalt chef de la ditte armée. Il est certain que ses malveillans n’avoient rien obmis pour faire trouver mauvais au Roy qu’il ne se fust voulu désaisir des ditz deniers, quelques importuns mandemens qu’on luy eust envoyés ; mais il ne laissa de trouver la face de

  1. La vente d’une partie des biens de la maison de Navarre.
  2. Le Prince Christian d’Anhalt Bernbourg. — Christian Ier, duc de Saxe.